Leila Slimani : J'emporterai le feu - Gallimard, 2025 - roman
Leila Slimani termine avec ce roman sa « trilogie féministe et politique » (Match). Elle avait commencé cette série de romans « Le pays des autres » par « La guerre, la guerre, la guerre » sorti en 2020 qui se passait dans les années 1940 avec Mathilde, une jeune française, mariée à Amine, jeune marocain venu en Alsace avec son régiment de Spahis. Le jeune ménage était venu s’installer dans une ferme familiale proche de Meknès au Maroc et naissent deux enfants. Puis est paru en Tome 2 « Regardez nous danser » en 2022 qui évoquait la génération suivante : Deux enfants dont Aïcha devenue gynécologue née en 1947 qui se marie avec un haut fonctionnaire, Mehdi. Aïcha révèle ses tourments et ses emportements face aux difficultés de faire face à son travail et à la vie mondaine que lui impose son mari. Ce mari, après une ascension professionnelle formidable, va être déchu du jour au lendemain et tombe en disgrâce, ne va plus travailler à la banque, dépérit dans son canapé (rappel de l’auteur qui rend hommage à son père qui fut injustement emprisonné).
Ce sont leurs enfants de cette troisième génération que nous allons suivre dans ce troisième roman : deux filles : Mia et Inès dans les années 1980-1990. Mia est née en 1974 et semble être le « double romanesque » de Leila Slimani. « Elle grandit dans la confusion mentale » entre l’essai de modernité dans sa maison et la tradition et le respect des règles à l’extérieur. Elle veut plaire à son père et devient « un garçon manqué » : aime le foot, lit les livres conseillés par son père, écoute ce père qui lui dit quand elle part faire des études en France : « Ces histoires de racines, ce n’est rien d’autre qu’une manière de te clouer au sol, alors peu importe le passé, la maison, les objets, les souvenirs. Allume un incendie et emporte le feu ». Mia vit une vie parisienne décousue et deviendra «écrivaine » tandis qu’Inés qui la rejoint est une séductrice. « Leur lien est une force. Elles devront apprendre à vivre entre la haine des islamistes et la naïveté des occidentaux ». Elles vivent entre cette société parisienne en pleine mutation et l’évolution de leur pays divisé entre les riches et les pauvres, l’essai d’émancipation des femmes et le début de la modernisation.
Belle écriture, « juste et précise » avec une construction quelque fois difficile à suivre, dans cette trilogie « à cheval entre la France et le Maroc » avec des sentiments de colère, d’orgueil, de culpabilité et de violence » (Match)
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