samedi 4 janvier 2020

Sylvain Prudhomme : Par les routes (N°1 - Dec)

Sylvain Prudhomme : Par les routes - Ed. L'arbalète gallimard, 2019 - roman.

 

Sylvain Prudhomme est l’auteur de plusieurs romans qui sont toujours des « odes à la fraternité, à l’amitié, à l’amour », comme dans « Les Grands » paru en 2015 que j’avais particulièrement aimé qui se passait en Guinée Bissau et racontait la vie d’un groupe musical et comme ce roman « Par les routes » qui nous parle d’une profonde amitié entre le narrateur Sacha (n’est-il pas un peu l’auteur) et l’auto-stoppeur (c’est son seul nom dans le récit) et qui obtient le Prix Fémina 2019.
Sacha part seul s’installer dans une petite ville de Provence pour y trouver le calme propice à l’écriture : « L’esseulement ne m’effrayait pas. J’ai toujours eu, dans la solitude, d’intenses moments de joie » dit-il.
Il y retrouve (par hasard ?) son ancien ami, colocataire dans leur jeunesse estudiantine, l’auto-stoppeur. Celui-ci habite une petite maison dans ce village de campagne profonde avec sa compagne, Marie, traductrice, et leur fils Agustin. Il vit de petits boulots dans le « multiservice » à son compte et dès qu’il peut, part, sans crier gare, sillonner la France en autostop. Sacha, Marie et Agustin suivent ses pérégrinations en recevant des cartes postales et des photos polaroïds de tous les coins de l’hexagone : noms de villages originaux ou dans l’ordre alphabétique (commençant par Z, par exemple), aires de repos d’autoroute, campagne bucolique, monuments… Ils passent par tout un panel de sentiments : l’absence, la liberté, la tendresse, le découragement, l’amitié, le renoncement, l’amour.
En rentrant l’autostoppeur énumère « les conducteurs qui sont autant de rencontres impromptues » (Lire) avec qui il garde des contacts…. La scène finale est très surprenante, audacieuse et cocasse.
L’écriture est fluide et riche sans ponctuation ni dialogue : « il décrit magnifiquement l’absence, l’obstination et la représentation mentale des lieux visités par autrui ».
Très beau roman : « œuvre fictionnelle, à la fois singulière et bien séduisante » (Figaro)

Ginette Kolinka : Retour à Birkenau (N°2 - Dec)

Ginette Kolinka : Retour à Birkenau - Grasset, 2019 - témoignage

Retour à Birkenau

Ce petit livre que Ginette Kolinka a écrit avec Marion Ruggieri  est un petit bijou de témoignage. Comment la jeune Ginette a pu supporter la déportation à Birkenau en Mars 1944 où , dès l’arrivée, elle voit son père, son petit frère et son neveu partir dans les camions qui, l’apprendra-t-elle plus tard, étaient les camions de la mort.
Elle raconte tout : « les coups, la faim, le froid, la haine, les maux du corps et de l’esprit, la nudité, la cruauté, parfois un peu de fraternité ».
Ses regrettées compagnes de déportation Simone Veil et Mauricette Loridan-Ivens l’ont évoquée avant elle. On croit avoir déjà lu beaucoup de témoignages à ce sujet mais chaque fois c’est la même émotion, le même chagrin qui nous étreint. Mais il faut lire ces récits pour « ne jamais oublier », comme le dit l’auteur.
Simone Veil : « Une vie » ( Stock, 2007 ; Poche, 2009) puis « L’aube à Birkenau » selon des entretiens avec le journaliste David Teboul (2019, Ed. Les Arènes)
Mauricette Loridan-Ivens : « L’amour après » (Grasset, 2018)
On pourra aussi se souvenir du témoignage de Hélène Berr : « Journal », préfacé par Patrick Modiano ( Ed Tallandier, 2008)