vendredi 19 juin 2015

Carole Martinez : rencontre et Le coeur cousu

 

 

Carole Martinez : Rencontre et le Cœur cousu


- Rencontre avec Carole Martinez en Mai 2015 :

C'est une belle jeune femme souriante, drôle, assez comédienne que nous découvrons. Elle nous dit avoir besoin d'écrire pour se structurer et étayer son existence et sa pensée. Elle aime les personnages féminins et trouve qu'il n'y a pas de grandes héroïnes dans la littérature française. Elle a donc éprouvé le besoin d'en créer : ses héroïnes sont souvent seules, sans soutien et expriment une certaine violence, ce qui lui est reproché : elle se justifie en disant que ce qu'éprouve le corps féminin est violent : règles, accouchements…

Pour cette auteur, le début du livre a une importance capitale et elle a peur de ce premier chapitre comme d'une première rencontre. Pour « Le cœur cousu », elle avait d'abord commencé son roman par le chapitre magnifique intitulé « A la nuit, à la cour ». Lisez le calmement : c'est une petite merveille. Il est évident que ce roman-poème est son « bébé »…

Elle nous promet bientôt un roman se passant en Franche-Comté au 14ème siècle. Elle dit vouloir remonter dans les époques car « Du domaine des murmures » se passait au 12ème siècle…. On a hâte de le lire..

- Après avoir lu "Du domaine des murmures" paru  à la rentrée 2011 (fiche dans les documents anciens de ce blog), je voulais connaître de ce même auteur le roman :" Le coeur cousu".  

C'est un très beau conte romanesque et poétique sur des personnages magnifiques, surtout des femmes.

Ce long voyage fantastique se lit comme une poésie, tant la prose est belle. Soledad découvre sa vie grâce au récit de sa sœur aînée. Sixième enfant d'une fratrie, elle est née au Maroc mais le récit se passe aussi avant dans un village du Sud de l'Espagne. Sa mère avait des mains de fées et était une couturière exceptionnelle mais cela lui donnait une réputation de magicienne ou de sorcière. Elle fut "jouée et perdue par son mari" lors d'un combat de coq et elle quitte son village pour une errance avec 5  puis 6 enfants en Andalousie puis au Maroc. Voici quelques titres de chapitres : Le milieu du chemin ; dialogue dans la montagne ; l'ogre, la mort et la petite lumière ; la prière du dernier soir ; le long poème d'Anita ; la saison des amours ; la robe de bal ; la voix du diable….

Ce roman magnifique alterne entre des passages tragiques et des anecdotes drôles ou cruelles.



Jean-Christophe Rufin : Check-Point (n°1 Juin 2015)

livre check-point

Jean-Christophe Rufin : Check-Point - 2015, Gallimard - roman 

Ceux qui lisent ce blog depuis quelques temps savent que j'admire énormément Jean-Christophe Rufin et ai déjà commenté tous ses livres ! J'admire l'écrivain mais aussi l'Homme et son parcours : ambassadeur, académicien, président d'Action contre la faim, ancien interne en neurologie, pionnier de l'aventure de Médecins sans frontières...Ses livres me passionnent, aussi bien « Un léopard sur le garrot », un récit autobiographique que « Le grand Cœur » en passant par « Rouge Brésil et « Katiba ». Il reste un homme libre qui « continue de promener son regard sur notre époque » et se dit être de la « famille des romanciers peintres », ce qui le qualifie bien.

Dans ce thriller psychologique, nous sommes embarqués dans un convoi humanitaire de deux poids lourds chargés de vivres et de vêtements qui va « basculer de l'humanitaire pacifique à l'humanitaire engagé ».

Cinq héros tous volontaires d'une association caritative partent secourir des réfugiés croates dans d 'anciennes mines de charbon en Bosnie : l'auteur a vu« ces fours avec des réfugiés à l'intérieur ».
Maud, jeune femme de 21 ans qui se dit être libre de tout mais qui tombera vite amoureuse (pour moi le personnage le moins réussi car trop de clichés féministes) ; Alex et Marc, deux amis venant de quitter l'armée ; Lionel leur chef un peu paumé et Vauthier, le mécanicien bien antipathique.

Un huis-clos va se jouer dans les deux cabines des poids-lourds qu'ils conduisent tout à tour. A l'approche des zones en guerre, ils ont du mal à comprendre qui combat qui. Ils découvrent des cadavres en civil, des soldats de plus en plus jeunes, des militaires très vieux...le tout dans un paysage de montagne d'une tristesse incroyable. L'un d'eux dira même : « La seule chose qui mette un peu de couleur dans le paysage, c'est le sang »… c'est tout dire.

La tension monte : quel va être l'engagement personnel de chacun des cinq héros ? Quels sont leurs arrières pensées ? Le suspense est maintenu jusque la fin et l'auteur a réussi son pari. Il dit : « La principale qualité d'un livre, c'est tout simplement de vous donner envie de tourner les pages, de faire en sorte que votre imaginaire soit capté par le livre »

Dans la revue LIRE, un critique donnait le secret de cet auteur : « Une écriture limpide, efficace, sans effets de manche ni expérimentations stylistiques mais qui est mise au service d'une narration imparable, d'un souffle romanesque nourri par sa connaissance du monde ». Que dire de plus...

Anne Wiazemsky : Un an après (n°2 Juin 2015)

Anne Wiazemsky : Un an après - Gallimard, 2015 - roman biographique

Après m'avoir enthousiasmée avec « Mon enfant à Berlin » et « Une année studieuse » où Anne Wiazemsky, alors âgée de 19 ans, racontait sa rencontre avec Jean-Luc Godard plus âgé en 1967, elle nous évoque dans ce roman la suite de leur vie de couple.

Nous sommes aux premiers jours de Mai 1968. Le jeune couple vit dans le quartier latin où la révolte des étudiants gronde : La Sorbonne est occupée, les pavés volent, les barricades se construisent. Les artistes du Cinéma voit ces événements d'abord de loin puis de plus près lorsque Jean-Luc Godard montre des positions politiques radicales et que ses colères se multiplient. Nous suivons les déboires de ce couple mythique qui se déchire, notre auteur, ancienne égérie de la Nouvelle Vague, ayant bien du mal à prendre un peu d'indépendance surtout au niveau de sa vie professionnelle d'actrice de cinéma. Seules les escapades les unissent : du festival de Cannes au tournage d'un film avec Mick Jagger à Londres puis un superbe voyage à Rome et des rencontres passionnantes avec des artistes tel que Jacques Brel, François Truffaut ou encore avec Daniel Cohn-Bendit , tous ces lieux et rencontres étant décrits avec une belle écriture simple et agréable à lire.

Anne Wiazemsky nous livre ses sentiments intimes avec un regard lucide sans patho ni lyrisme.

Etant exactement de la génération de l'auteur et ayant vécu de près les événements de Mai 1968, je me suis passionnée pour ce roman autobiographique sur une année de la vie de ce couple d'artistes.
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Léonor de Récondo : Amours (n°3 Juin 2015)

Léonor de Récondo : Amours - Ed Sabine Wespieser, 2015 - roman


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Léonor de Récondo mène deux carrières : celle d'écrivain avec 4 romans dont Pietra Viva (déjà analysé dans ce blog) qui évoque 6 mois de la vie de Michel Ange et une carrière de violoniste : elle a cofondé en 2005 l'Yriade, un ensemble de musique de chambre baroque. A son passage à la Grande Librairie, elle apparaît comme une jeune femme lumineuse.

Ce roman « Amours » se passe en 1908 en Touraine dans une maison de maître. C'est un huis-clos d'une famille bourgeoise. Victoire, 24 ans, est mariée depuis 5 ans à Anselme, plus âgé, notaire et notable et elle rêve d'attendre un enfant mais elle se refuse à « l'enchevêtrement immonde » qui donnerait un héritier au couple…

Leur vie bascule, le jour où Céleste, 17 ans, qui fait partie du personnel de la maison, tombe enceinte : Que vont décider les patrons de Céleste ? Que va-t-il se passer dans cette maison tranquille. Victoire vivra une révélation étonnante qui « balaie les normes sociales et l'éducation données aux femmes à l'époque ».

L'auteur analyse à merveille la tension qui va se créer entre les trois personnages et qui va les mener dans des situations impossibles. Le caractère fort de la jeune Céleste est magnifiquement senti : comment va réagir cette jeune femme « humiliée, aimée, broyée » qui se console en priant la Vierge Marie avec des phrases qui reviennent comme une incantation. On admire le style et les phrases « bien rythmées, ciselées et pures » et on ne peut oublier que notre auteur est musicienne. Les détails de la vie du début du 20ème siècle sont très précis : paysages, mobiliers et rideaux, robes et corsets, repas et travail en cuisine. Il y a aussi de superbes passages sur Victoire au piano.« Mille détails construisent cette fiction intelligente, sensuelle et bien rythmée » (LIRE)

Ce très beau livre évoque le rapport à la maternité et ses obligations, le rôle du corps des femmes au début du 20ème siècle où une idéologie de la haine du corps faisait ravage et où la société cadenassée insistait sur les différences sociales. : « le corps interdit de plaisir, martyrisé dans des corsets, théorisé par l’Église pour n'être que le réceptacle d'une vie à venir »



Sylvain Tesson : S'abandonner à vivre (n°4 Juin 2015)

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Sylvain Tesson : S'abandonner à vivre - Gallimard Folio, 2014 - Nouvelles

Etant enthousiasmée par la lecture et du genre d'écriture et d'humour de « Berezina » de Sylvain Tesson, j'ai eu envie de découvrir son recueil de nouvelles. « Cet auteur a pour lui l'art du portrait serré, de la formule qui claque, de la chute sans appel » dit un critique.

On se régale à la lecture de ces 19 minis romans dans lesquels les héros « s'abandonnent à vivre ». Ils sont très variés, ces héros : des marins aux guerriers, des artistes aux voyageurs, des célibataires aux couples et cela dans tous les pays du Monde que connaît si bien cet aventurier fantasque.

L'année dernière, Sylvain Tesson a fait une chute d'un toit d'une maison de Chamonix qu'il escaladait (!!). Il a dû subir plusieurs opérations et une longue convalescence, a fait une apparition émouvante à la Grande Librairie et cela le rend très attachant.

Anthony Marra : Une constellation de phénomènes vitaux

Anthony Marra : Une constellation de phénomènes vitaux - Lattès, 2014 - roman étranger traduit de l'américain.

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Beaucoup de personnages dans ce roman qui dure cinq jours. Il se passe en Tchétchénie en 2004.

Akhmed est le héros principal : il a fait des études de médecine mais a terminé dans le Top ten des moins bons car il a suivi des cours de dessin, sa passion, durant sa dernière année d'études. « Ce médecin raté », comme il le dit lui-même, va prendre en charge sa petite voisine, Havaa, dont le papa, Dokka, ami d'Akhmed, vient d'être emmené par les soldats russes qui ont mis le feu à sa maison. Havaa est une fillette de 8 ans, intelligente, pleine de réparties amusantes, vivant dans le monde que lui a crée son père qui était botaniste.

Akhmed l'emmène à l'hôpital n°6 quasi déserté car il connaît de nom l'urgentiste en chef de cet hôpital, Sonja et espère qu'elle acceptera de cacher cet enfant. Ces trois personnages vont vivre des instants particuliers ensemble, chacun évoluant petit à petit. Chacun a aussi une vie d'avant et dans ce roman à tiroirs, il faut bien se repérer pour comprendre les époques.

Nous apprendrons que Sonja était à Londres de 1992 à 1996 pour faire ses études de médecine et est rentrée au pays pour revoir sa sœur Natasha mais quand elle revient, l'appartement familial est vide, sa sœur n'ayant laissé aucune adresse. Nous la retrouverons souvent dans des flashbacks qui nous font comprendre qu'elle a subi « la guerre dans toute sa violence » et que la relation entre les deux sœurs était ambigüe, qu'elles vivaient ensemble « dans une ignorance polie » et qui nous raconte la vie effrayante qu'a vécu Natasha en Italie. Sonja est donc embauchée dans cet hôpital en 1996 où, en 2004, il ne reste que deux infirmières sœurs jumelles âgées. Sonja, en pleine guerre, n'y fait que des amputations avec les moyens du bord. Elle accepte de garder et de cacher Havaa et d'embaucher le médecin raté…

Nous apprendrons qu'Akmed vit dans un village ou plutôt la rue formant le hameau d'Eldar, près de Volshansk. Dans cette rue il y avait la maison d'Havaa, celle d'Akmed où il vit avec sa femme Ula, malade au point de ne plus se lever. Il est ami aussi avec Khassan, écrivain âgé qui, par des retours en arrière, explique sa vie et de ce fait raconte sa guerre en 1941 dans l'Armée rouge, la déportation des Tchétchènes en Sibérie et le retour accepté par Kroutchev de ce peuple dans leur pays en 1956. Il décrit sa vie d'écrivain et d'historien, censuré par le régime soviétique. Son fils, Ramzan, est devenu en 2003, informateur des Russes et ce sera lui que créera l'horreur de ce qui se passe dans ce village.
 
Beaucoup de personnages donc et beaucoup d'histoires emmêlées allant de 1941 à nos jours. Chaque vie est passionnante et bien écrite. Certains passages sont particulièrement réussis : la description des dessins d'Akhmed, les parties d'échecs, les réflexions d'Havaa, le caractère de Sonja, la maladie d'Ula, la personnalité de l' infirmière, la façon de peler une prune. D'autres passages sont très durs : les opérations (certaines sutures étant faites avec du fil dentaire...) et les amputations, la vie de Natasha, les conditions de détention dans « la Décharge ». Mais le tout est très complexe. On doit souvent revenir en tête de chapitre où est indiquée l'année où se passe les événements pour pouvoir les comprendre ce qui est extrêmement désagréable. Dommage que ce livre soit si compliqué car chaque histoire en elle-même est très intéressante et on apprend une tranche d'histoire méconnue.





Mechtild Borrmann : Le violoniste

Mechtild Borrmann : Le violoniste - Ed du Masque, 2014 - policier étranger traduit de l'allemand.

livre le violoniste
 

Ce roman, considéré comme un policier est aussi un formidable document historique sur la vie à Moscou en 1948 et il est présenté avec « une construction intelligente » tel un roman à tiroirs. Les trois personnages principaux sont décrits à leur époque, leurs vies étant ainsi racontées dans des chapitres en alternance.

En 1958, le violoniste Ilja Grenko est arrêté (sans raison pour lui qui croit à une erreur) et interrogé à la Loubianka, siège du KGB. Après de faux aveux donnés sous la pression et avec l’assurance qu’ils laisseront tranquilles Galina (sa femme) et ses enfants, il est condamné à 20 ans de camp de travail. La vie au goulag à Vorkouta est terrible et la description est si réaliste que l’on est très ému par la tentative de survie de cet homme et des autres prisonniers. Peut-on imaginer pareille cruauté…

Suite à l’arrestation de son mari, Galina et ses deux enfants sont « exilés » à Karagando au Kazakhstan. Galina y trouve un rude travail dans une blanchisserie et une dame, Lidia, qui deviendra sa fidèle amie, garde les enfants. La vie est terriblement difficile dans ce pays inhospitalier. Galina se tue au travail pour nourrir et habiller ses enfants. Malheureusement elle croit que son mari est un traitre qui a officiellement fui le pays pour Vienne, l’abandonnant ainsi que ses enfants. Elle revient à Moscou au début des années 1960….

Le troisième personnage est Sacha GrenKo, le petit fils d’Ilia et Galina. Il travaille en 2008 en Allemagne comme informaticien chez un riche patron. Après avoir reçu un appel au secours de sa sœur, il se met à la recherche de la vérité sur la disparition de son grand-père et de son violon Stradivarius au moment de l’arrestation. Ce violon est d’une valeur inestimable et a surtout une valeur morale, le vœu de la famille étant de ne pas se séparer de cet instrument que le tsar Alexandre II a donné à l’arrière-arrière grand-père de Sacha. En faisant cette recherche, il découvre petit à petit une vérité incroyable sur la machination qu’a subi sa famille et l’enquête le mène à découvrir la vérité sur la déportation de son grand-père, la mise en exil de sa grand-mère, la mort, dite accidentelle, de ses parents, de son oncle et de sa sœur.

Ce roman historique à suspens est écrit et construit de façon remarquable et d’une écriture très agréable. C’est une histoire humaine extraordinaire qui nous montre comment la dictature stalinienne a pu détruire de nombreuses familles. On y découvre la vie au goulag et la vie en exil dans les années 1950 et la vie en Russie d’aujourd’hui….Dès le début, nous sommes passionnés et attachés à cette famille et le suspens nous tient jusqu’au dernier mot.

Pauline Guéna et Guillaume Binet : L'Amérique des écrivains

Pauline Guéna et Guillaume Binet : L'Amérique des écrivains - Robert Laffont, 2014 - document littéraire.

livre l'amerique des ecrivains
 

Pauline Guéna et Guillaume Binet nous livrent un livre magnifique sur « l'Amérique des écrivains ». Ayant le goût de la route et des voyages, ils ont traversé en camping-car avec leurs quatre enfants pendant un an « les paysages légendaires qui ont influencé les grands écrivains qu'ils interrogent et photographient ». En effet ce livre contient cent cinquante photos de ces vingt-six écrivains et de leurs environnements.

Les portraits et les entretiens sont passionnants et complets. Nous apprenons leurs façons de vivre ainsi que leurs maisons, leurs lieux de travail, leurs habitudes pour écrire, leurs manies.

Nous découvrons leurs origines, leurs lieux de naissance, la profession de leurs parents, le milieu dans lequel ils ont grandi, leurs formations, leurs métiers avant d'être écrivains pour certains jusqu'à ce qu'ils puissent vivre de leur art.

Il est intéressant aussi de voir comment ils apprennent l'écriture : intuition directe, études de littérature, atelier d'écriture. Nous apprenons comment certains ont appris à écrire en faisant des textes « à la manière de » : « C'était comme si les auteurs tenaient ma main pour me guider » dit Richard Ford. Beaucoup d'écrivains sont enseignants : « J'enseigne l'écriture créative de fiction et d'essai » dit David Vann.

Evidemment ce livre est à laisser sur la table de nuit pour le lire par intermittence et l'on est tenté de ne lire que les passages sur les auteurs dont on a lu les œuvres. Peut-être aurons nous envie de lire les autres auteurs après avoir lu leur parcours et le genre de leurs ouvrages.

On ne peut s'empêcher de penser aux « Carnets de route » de François Busnel qui nous a livré des interviews passionnants sur sept des auteurs cités dans ce livre. On peut déplorer l'absence d'auteurs mythiques tels que Philp Roth, Paul Auster, Toni Morrisson, Jim Harrison….

Ce document est un très « beau » livre pour les amoureux de la littérature américaine.