jeudi 9 mai 2019

Véronique Ovaldé : Personne n'a peur des gens qui sourient (N°1 - Avril 19)

livre personne n'a peur des gens qui sourient   Véronique Ovaldé : Personne  n'a peur des gens qui sourient- Flammarion, 2019 - roman

 Le style particulier de cette auteure se reconnait dès les premières lignes (j’ai déjà lu et mis dans ce blog plusieurs de ses romans) ainsi que les thèmes qu’elle aime aborder :  la désertion, la fuite, la rupture, la relation mère-fille et aussi le genre de personnages qu’elle aime mettre en scène : « des personnalités cabossées, fracassées, celles pour qui la vie n’est qu’une succession de désenchantement et pour qui les lourdeurs du passé lestent à tout jamais le présent et l’avenir » (Match).

Gloria, jeune femme aventurière et combative, fait vite pour quitter la Provence et se terrer près d’un lac sauvage, en Alsace, dans la maison familiale désertée et pleine de ses souvenirs d’enfance.
Mais pourquoi fuit-elle ? On sent une menace imminente et diffuse. Elle a prévu de partir ainsi, d’organiser les affaires à emmener, sans oublier les passeports et le revolver Beretta, et surtout sans prévenir ses filles qu’elle prend à la sortie de l’école, Stella et Loulou. Stella est une adolescente pénible et récalcitrante. Loulou est une gamine joyeuse, ce qui permet à l’auteur d’égayer ce récit, « livre solaire et fortifiant où le rire et la joie soulèvent le lecteur ».
Gloria est une jeune femme orpheline et rentière. C’est une mère, éprise de liberté, aimante et généreuse avec ses enfants qui sont la prunelle de ses yeux. De ce fait elle est inquiète, protectrice à l’excès, ce qui devient une attitude paranoïaque. Elle est entourée de personnages étranges : ce Samuel, « petite frappe », père de ses enfants, disparu mystérieusement, ce Santini, avocat et conseiller de la jeune femme, ce Tonton Gio, ami de son père décédé, lui servant de tuteur et retrouvé mort chez lui….
On sent  une tension dramatique et un danger proche pour Gloria. On est pris à partie. On a hâte de savoir la suite car l’auteure maitrise à merveille l’art du suspense avec un style alerte et vif. Elle choisit d’alterner les chapitres entre la vie actuelle de Gloria et son passé compliqué. Ce livre devient au fur et à mesure de l’avancement des événements, un roman « policier mâtiné de conte de fées » (Télérama).

Pénélope Fitzgerald : La libraire (N°2 - Avril 19)


livre la libraire


Pénélope Fitzgerald : La libraire - Ed La Table Ronde, 2018 - roman anglais

 

« La Libraire » est un petit bijou de littérature anglaise. Ce roman, « The Bookshop » de Pénélope Fitzgerald publié en Grande-Bretagne en 1978 est le dixième roman de cette écrivaine, « une des romancières anglaises les plus envoutantes du XXème siècle », célèbre pour « son humour froid et sa prose raffinée ». Un film tiré de ce roman est sorti en 2018 et a obtenu des prix et un beau succès.
En 1959, Florence Green, jeune veuve, décide d’installer une librairie, « un lieu de sociabilité inédit » dit-elle, à Hardborough, village paisible dans une Angleterre d’après-guerre très calme. Pour cela elle achète The Old House, une bâtisse désaffectée convoitée par d’autres…
Florence parait naïve, douce et idéaliste mais elle va montrer son caractère affirmé et « défie la puissante élite locale ». La metteur en scène du film dit : « J’adore l’idée de montrer Florence comme une bouffée d’air frais, qui vient défier les idées moisies de sa petite ville ». L’auteure écrit de très beaux passages quand Florence va se ressourcer près de la mer. Lorsqu’elle s’avise de mettre en vente et en vitrine le sulfureux roman de Nabokov « Lolita », les habitants se déchaînent contre elle, principalement deux personnages : la puante, madame Gamart et le « personnage pourri et visqueux », Nilo North. Par contre elle entretient une belle relation littéraire (ou plus) avec un lecteur énigmatique, superbement joué par Bill Nighy dans le film.
Inutile de vous dire que j’ai beaucoup aimé ce roman so british qui nous parle de livres, de librairies, de la possibilité de changer de vie, de prendre des risques et des responsabilités pour rendre la vie meilleure, même si, ici, ce n’est ni facile ni réussi….