samedi 2 février 2019

Agnès Desarthe : La chance de leur vie (N°1-janv 2019)

livre la chance de leur vie      Agnès Desarthe : La chance de leur vie - Ed. L'olivier, 2018 - roman français.

 On aime retrouver Agnès Desarthe, « sa petite musique et ses personnages souvent tourmentés » et, dans ce roman, un peu déjantés… C’est le sourire aux lèvres que l’on lit ce récit « splendide, aussi sensuel qu’intelligent » (le Monde).

C’est l’histoire de l’aventure américaine d’une famille française en 2015-2016. Elle est formée de trois personnes qui vont se réinventer au fil des mois et qui vont s’intégrer à leur manière dans la vie américaine.
Le père, Hector, poète et philosophe, bientôt à la retraite, est nommé à un poste de professeur dans une université de Caroline du Nord. Il accepte ce déplacement « comme un ultime défi professionnel ». Il compte bien en profiter pour avoir des relations féminines extra-conjugales. Il s’avère qu’il y réussi avec ses consœurs « affolées par sa nonchalance et son flegme »…
Sylvie, la mère, la soixantaine, est « un peu lunaire, fragile, indécise » (l’Express). Cette femme atypique est d’une oisiveté étonnante mais voulue par elle. Elle est ainsi et reste fidèle au « dogme taoïste du non-agir » qu’elle aime appliquer. Elle connait les infidélités de son mari mais y semble indifférente tant elle sait que leur amour est indestructible. Elle veut connaître  le milieu des « expats » désœuvrés, ce qui nous vaut des détails hilarants sur des cours de poterie assez singuliers, où elle fera des pièces de céramiques inspirées des légumes pourris dans son réfrigérateur ou des chaussures déformées… qui auront un certain succès !!!
Lester, 14 ans, d’une intelligence précoce, est en pleine crise mystique. Il se fait appeler Absalom Absalom, est émule de Saint Augustin , prie pour ses parents et nomme Dieu « mon tendre ». Il devint gourou d’un groupe d’ados désœuvrés et délaissés par leurs parents qui se  réunissent dans les bois pour méditer.Il multiplie les excentricités et provoque un scandale qui, lui, provoquera le dénouement inattendu de ce roman. Il se sent relié au monde, les informations parvenant à tous en même temps dans notre monde moderne : « on se connait tous », dit-il à ses parents  qui voulait le protéger aux moments des attentats en France en novembre 2015.
L’auteur explore donc ici le thème de la famille de l’usure mais aussi de l’éternité d’un couple, décrit avec humour la vie universitaire américaine, la place de la femme dans cette société et la place de la culture dans ce milieu. L’écriture décalée, merveilleusement simple, « teintée d’ironie délicate » fait de ce roman, se passant dans une atmosphère assez étrange,  un très agréable moment de lecture


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