jeudi 27 octobre 2016

Sylvain Tesson : Sur les chemins noirs (n°3 oct 2016)

livre sur les chemins noirs Sylvain Tesson : Sur les chemins noirs -  Gallimard, 2016 - récit

 La presse a beaucoup parlé de la chute de l’écrivain Sylvain Tesson du toit d’un immeuble de Chamonix : cela lui a valu « quatre mois ferme, sans remise de peine » dit-il, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

Ayant vu à la télévision depuis son lit d’hôpital un journaliste parlant de la parution d’un rapport gouvernemental sur « l’hyper-ruralité », Sylvain Tesson se fait le serment, s’il s’en sort debout, « d’aller boiter le long de cette diagonale du vide » (Match) qui traverse la France pour connaître La Ruralité. Il part des Crêtes du Mercantour à la frontière italienne pour arriver au Cotentin en ayant traversé la Durance, le Vivarais, les Cévennes, le Cantal, le Berry, la Mayenne etc…
J’ai suivi son parcours sur un atlas routier en trouvant les petits villages mentionnés le long du récit : ce n’est pas une petite marche… c’est un exploit que de faire quelquefois jusque 40 km dans la journée en boitant, en ayant mal au dos, en couchant à la belle étoile, en faisant des dénivelés incroyables surtout au début du périple dans les montagnes et les gorges…. Chapeau !
Que de petits chemins, que de sentiers, que de forêts avec les bruits, les odeurs, les rencontres, « par les champs et par les grèves » dirait Flaubert mais aussi « par les ZUP et par les ZAC » ajoute Sylvain Tesson. Evidemment après avoir écrit « Berezina » et « Dans les forêts de Sibérie » qui se passaient dans les grands espaces russes, l’auteur a du mal à admettre les petits espaces morcelés et « la mondialisation » actuelle. « Quand on cultive un terroir pendant deux mille ans, il n’est pas facile d’habiter un village mondial »…dit-il.
Il y a beaucoup d’humour et d’autodérision mais aussi beaucoup de mélancolie dans ce très beau récit émouvant. L’auteur reste meurtri de la bêtise de sa chute qui le rend handicapé et désabusé de se rendre compte que le modernisme va avaler nos campagnes, que nous sommes un monde en danger, que la ruralité française est menacée. Mais espérons que les chemins noirs tracés sur la carte IGN l’auront aidé à chasser ses idées noires. « Sylvain tesson a su tirer de cette longue balade un récit bref mais puissant, celui de la reconquête physique, d’une reconstruction intime » (Lire).

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