jeudi 27 octobre 2016

Leila Slimani : Chanson douce (n°4 oct 2016)


livre chanson douce

Leila Slimani : Chanson douce - Gallimard, 2016 - roman

On parle d’un roman « saisissant et audacieux », moi je dirai un roman genre thriller psychologique tragique, très angoissant, « sur la maternité et l’aliénation domestique à l’ère de l’émancipation de la femme ». Une nounou, qui parait bien sous tous rapports, « le chignon sur la nuque, la démarche inimitable, agile et tremblante » va tuer les deux enfants dont elle a la charge. On le sait dès le début, le livre commençant par cette phrase : « le bébé est mort ».
« Dans une narration haletante, parfois éprouvante, l’auteur décortique le cheminement psychologique de la nounou » nous écrit une critique de Match. En effet l’auteur « remonte le fil des événements qui ont conduit à cette fin tragique » (La Croix). Cette nounou, Louise, vit seule, n’a personne : un mari mort et enterré, une fille disparue. Tous l’ont abandonnée. Elle réussit à prendre une place prépondérante dans la vie du jeune couple, à se rendre indispensable, à créer un lien privilégié avec la jeune maman (étude très réaliste sur la relation mère-babysitter). Par des signes annonciateurs, le lecteur sent le glissement progressif du comportement de Louise. Le jeune couple ne peut plus se passer d’elle, même en vacances, même lorsqu’il commence à se rendre compte que cette emprise est nocive, même quand la dépendance devient irréversible et que les relations se dégradent devant « la soumission silencieuse » de Louise qui n’est que haine et jalousie envers ce couple.
Avec sa belle écriture directe fine qui va droit au but, sans sensiblerie et « son talent narratif incroyablement féroce » (Elle), l’auteure aborde beaucoup de sujets profonds : les préjugés de classe et de culture, les différences sociales, les méthodes d’éducation différentes à chaque époque, la montée de la jalousie, l’émancipation de la femme et sa difficulté à gérer travail et enfants, la relation entre employeur-employé.
Cette lecture n’est pas une chanson douce « c’est même exactement l’inverse, sa lecture peut provoquer des cauchemars » (Le Monde)…
 

1 commentaire:

  1. Ce livre laisse un arrière goût qui persiste au saut du lit,un malaise devant la tombée aux enfers des personnages que nous lecteurs extérieurs aux faits nous aurions pu peut être éviter.J ai aprécié la description des 2 mondes parallèles, celui de la famille et celui de la nounou sordide sans espoir une fois la porte bourgeoise claquée,ce désir de partager l univers sûr et douillet avec cette famille dont elle sait n y avoir pas droit,les pensées qui deviennent totalement maladives au fil des pages et qui la conduisent inévitablement vers l irréparable.Aucune description de l acte criminel,seul le résultat survolé avec délicatesse comme si l auteur elle même se refusait a mettre sur papier la trame de sa chanson douce

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