mercredi 19 février 2025

Sandrine Collette : Madeleine avant l'aube (N°1 - fev 25)

Sandrine Collette : Madelaine avant l'aube - 2024, JC Lattès - roman

Titulaire d’une thèse en Sciences Politiques et chargée de cours à l’université de Nanterre, Sandrine Collette s’est lancée dans l’écriture de romans « classiques » que l’on pourrait nommés, romans noirs. Elle a obtenu avec « On était des loups » le Prix Renaudot des lycéens en 2022 et avec « Et toujours les forêts » le Grand Prix RTL en 2020.

Ici elle nous plonge dans la vie à la campagne en ce temps-là… (on ne connait ni le lieu ni l’époque), vie « rugueuse, difficile, douloureuse » dans un village « en bordure de la forêt seigneuriale ». Ce hameau comprend trois fermes : celle de Léon et celle d’Eugène, mariés à deux vraies jumelles Aélis et Ambre et celle de Rose, plus âgée, l’ancienne avec ses potions et ses secrets. Arrive un jour une gamine  en révolte, « petit animal sauvage et déluré au visage ombré de rousseur et de crasse » (ELLE). Accueillie sans poser de questions et adoptée par Ambre qui n’a pas d’enfants ( « un cadeau du ciel » dit-elle) contrairement à sa sœur qui en trois garçons, cette petite fille s’avère " futée, courageuse, rebelle" (Fémina) et « habitée par une sourde violence » : « Madelaine est sauvage et tendre. Elle se blottit, elle enlace, elle embrasse. Puis d’un coup, elle se sauve. Elle retourne à son monde » écrit l’auteure.

Au fil des saisons tous travaillent dur dans la terre ou sèche ou gelée ou inondée dans cette nature belle, brute et sauvage, terre sur laquelle règne en maitre un seigneur qui aime le vice, la chasse et les femmes. Tout le talent de l’auteure est là : description des travaux, de la vie quotidienne, des animaux, des années fastes et des années de  misère dans cette nature hostile et par un climat si froid, les liens entre les personnages et leur terre et l’éternelle injustice entre « ceux du haut et ceux du bas ». 

Roman "sombre et lumineux", "pôignant et captivant" "magistral". "d'une écriture âpre, Sandrine Collette tisse un conte intemporel, sombre et glaçant. un roman sauvage de terre et de poésie" (La Croix)

  Madelaine avant l'aube - 1

Françoise Sagan : Bonjour tristesse et Denis Westhoff : Les années Sagan (N°2- fev 25)

Françoise Sagan : Bonjour tristese -  Pocket, réédition ET Denis Westhoffe : Les années Sagan - 2024, ED. Gourcuff Gradenigo.

Après avoir regardé La Grande Librairie sur Françoise Sagan, j’ai eu envie de relire Bonjour tristesse publié en 1954, il y a 70 ans, d’autant que les lycéens devront le lire cette année pour le Bac français et qu’une réédition anniversaire vient de paraitre avec une préface de Philippe Besson qui écrit : « Ce roman est un précis de férocité, de violence feutrée, de tension latente, de pessimisme insaisissable. Comme Proust avant elle qui a autopsié l’aristocratie et disséqué la jalousie… » très intéressant de lire ce roman avec des yeux d’adulte : je n’en avais pas ce souvenir. Ce roman dont le succès « tient en l’étonnante modernité » pour l’époque annonce les années soixante…

Ici je présente « Les années Sagan » écrit par son fils Denis Westhoff (il est le fils du mannequin Bob Westhof et Françoise Sagan). Cet album est  accompagné de photos magnifiques. Il faut dire que l’auteur est photographe de profession, qu’il est fondateur du Prix Françoise Sagan, créé en 2009 et a créé « l’Association Sagan qui a pour but de faire rayonner l’œuvre de sa mère. » Il a assumé sa succession difficile et dit : « J’aurais pu refuser la succession mais la seule idée que les droits sur son œuvre allaient être vendus aux enchères par l’Etat m’était  insupportable ».

Magnifique livre de photos très intéressantes ET d’un texte qui retrace la vie de Françoise Sagan.

 

 

Les années Sagan - 1Bonjour Tristesse - Nouvelle édition - 1


 

 

 

 

 

 

 

Jean-Marie Rouart : La maîtresse italienne (N°3 - fev25)

La maîtresse italienne - 1

 Jean-Marie Rouart : La maîtresse italienne - Gallimard, 2024 - roman

Jean-Marie Rouart est un membre de l’Académie française et un  écrivain spécialiste de l’époque napoléonienne. Ici il crée un roman succulent sur la période de la « captivité » de l’Empereur, en 1814, à l’île d’Elbe.

Pendant qu’a lieu le congrès de Vienne pendant lequel les puissances européennes se partagent l’Europe, le « grand proscrit » « réorganise le petit territoire de l'île d'Elbe pour en tirer le meilleur profit ». Le colonel anglais Neil Campbell est chargé de surveiller les moindres actions de l’illustre exilé mais il tombe sous le charme de la comtesse Miniaci qu’il rejoint souvent à Florence. Cette liaison ne fut-elle pas un piège ? « Quel rôle a joué cette séductrice méconnue dans l’évasion de Napoléon » ? L’absence de surveillance de l’officier anglais permettra à Napoléon de s’enfuir et de revenir en France…

Ce récit romanesque et historique est bien ficelé et les descriptions des fidèles, des espions, des complotistes, des personnages hauts en couleur qui gravitent autour de cet homme « hors du commun » sont un régal de lecture grâce à l’écriture « fluide et élégante » de l’auteur : « un bijou finement ciselé par un orfèvre »