lundi 31 mai 2021

Yann Queffélec : La Mer et au-delà (N°2 - Mai 2021)

La Mer et au-delà                                                                    Yann Queffélec : La Mer et au-delà - Ed. Calmann-Levy, 2020 - récit

Je n’avais jamais lu de livres de Yann Queffélec : quelle révélation, quelle écriture drôle, sensible, phrases sans verbe, énumérations, exclamations, style singulier et puissant.

L’écrivain rend « un hommage vibrant à la navigatrice Florence Arthaud », cette fameuse intrépide qui réalisa l’exploit de gagner la Route du Rhum en 1990, exploit impressionnant dans le milieu macho des marins : « elle valait les mecs qui ont fini par s’incliner » dit-il.   Elle était pour lui « sa petite sœur des mers », sa sœur d’élection, celle dont il n’a été « ni l’amant, ni complètement l’ami » mais avec laquelle il s’est reconnu « une sorte de fraternité ». L’amour de la mer et de la voile les rapprochait, lui, le breton « pur beurre » et elle, la parisienne rebelle puis la « Finistérienne d’adoption ». Elle lui demandait régulièrement d’écrire avec elle sa biographie, il se décide enfin, meurtri par sa disparition dans un accident d’hélicoptère le 9 mars 2015 alors qu’elle participait à un jeu de télé-réalité en Argentine.

D’une famille du 16ème arrondissement de Paris (son père n’est d’autre que l’éditeur Jacques Arthaud), elle montre très rapidement son goût du risque et le besoin de se rebeller contre sa vie bourgeoise. Elle passe de la vie d’étudiante en médecine à la course au large… L’auteur dit : « Pour moi, Florence est un personnage de roman. Elle n’a cessé de défier le destin : elle a failli mourir dans un accident de bagnole, (à 17 ans) puis elle est allée d’accident en accident pour se bâtir cette carrière d’immense marin » avec entr’autre ce terrible drame quand, en 2011, elle tombe de son bateau en étant seule à bord, a failli mourir au large du Cap Corse et est retrouvée et hélitreuillée. L’auteur écrit : « un hélico la sauve, un hélico la perd, quel signe est-ce donc là ? oh, toi là-haut, je te cause »…

 L’auteur nous raconte donc cette femme « pudique, complexe et infiniment attachante » qui fut nommée « la petite fiancée de l’Atlantique » (surnom tartignole, dit-il) et a connu des périodes de vie difficiles, excessives et paradoxales.

Ce livre est « un hommage à la femme, au marin, à l’aventure, à la liberté » (la Croix).

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