lundi 3 mai 2021

Jean-Pierre Ohl : Les Brontë (N°2 - avril 21)

Les Brontë

 Jean-Pierre Ohl : Les Brontë - Gallimard,  folio biographies, 2019 - biographie

 

Quelle émotion de lire cette biographie sur les Brontë » parue en 2019, largement inspirée de la biographie qu’avait écrite Elizabeth Gasquell, (rééditée en 2004), leur première biographe qui avait rencontré Charlotte Brontë. Beaucoup de références aussi au livre de Daphné du Maurier (Le monde infernal de Branwell Brontë écrit en 2006). Evidemment des citations des romans des Brontë eux-mêmes.

Emotion car cette famille a connu une destinée tragique : la mort de leur mère en   1821 à 38 ans,  suivie de celle des deux sœurs aînées, Marie et Elizabeth à onze et dix ans en 1825 tandis que les trois autres sœurs Charlotte (née en 1816), Emily (née en 1818), Anne (née en 1820) sont encore si jeunes ainsi que leur frère Branwell (né en 1817) : « Ces trois sœurs ont construit avec leur frère une œuvre unique qui continue de fasciner, chacun ayant emprunté un chemin littéraire singulier en marge d’une vie tragique » (La Croix).

Les quatre frère et sœurs vivent avec leur père Patrick Brontë dans le presbytère de Haworth (West Yorkshire), jouxtant le cimetière au milieu de la lande. Jeus, ils créent « un véritable univers parallèle, doté de ses lois, de ses villes, de son histoire, de son personnel politique et militaire » (p. 47) : « un tel imbroglio d’imagination, de talents, de pastiches réciproques » alimente un « mythe Brontë ». : « Ils consignent ces aventures dans de petits carnets aux pages noircies de leur écriture microscopique imitant les caractères d’imprimerie » souligne un biographe. Cela se passe dans les années 1830, ils ne vivent que dans l’imaginaire par le biais « de billets d’anniversaire » qui sont « des sortes d’instantanées de la vie du presbytère ». Branwell y participe le plus et l’auteur écrit : « il serait un hydre à mille têtes, à la fois républicain et monarchiste, petit employé et manufacturier, séducteur byronien et diabolique, ourdisseur de complots ».

Les filles passent par des états d’âmes très complexes : des crises spirituelles, allant d’une véritable confiance en l’amour divin à des crises de « torpeur de l’âme et une perte progressive de la foi » (p.85) et des défiances les unes envers les autres avec des découvertes fortuites de carnets clandestins, de secrets dévoilés, d’indélicatesse…Elles sont tour à tour gouvernantes, enseignantes, font des escapades chez des amies et des relations mais reviennent toujours « dans leur havre de paix » au presbytère.

Elles décideront en 1847 de faire paraître leurs écrits sous des « noms de plume » à consonnance masculine, conscientes des difficultés pour des femmes de se faire éditer : Charlotte avec Jane Eyre (roman considéré comme l’un des premiers romans modernes), Anne avec Agnès Grey (l’histoire d’une jeune fille gouvernante confrontée à l’arrogance de la bourgeoisie), Emily avec Wuthering Heights soit les Hauts de Hurlevent (œuvre la plus mystérieuse). Branwell éditera des poèmes, lui « l’écrivain maudit, qui disparait lui aussi prématurément, miné par l’alcool et la tuberculose ».

Emily et Anne ne connaitront pas longtemps le succès car elles meurent en 1848 et 1849, Emily refusant le recours à la médecine, courageuse et inflexible, Anne discrète, patiente, calme, ayant toujours le souci de l’autre.

Charlotte qui est le personnage principal de cette biographie continuera de se battre pour la parution de leurs livres. Elle nous enchante toujours autant avec son art de portraitiste « en s’inspirant de personnages réels pour camper ses personnages secondaires ».

« Deux cents ans après la naissance de Charlotte, la singularité de leur parcours à la fois personnel et littéraire continue à fasciner et de hanter notre mémoire collective ». (La Croix)

A lire absolument et à relire les romans des Sœurs Brontë…

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