jeudi 24 septembre 2015

Carole Martinez : La terre qui penche (n°2 Sept 2015)

  • livre la terre qui penche 

Carole Martinez : La terre qui penche - Gallimard, 2015 - roman français

Après le « Coeur cousu » (2007) avec Solidad, l'andalouse, dont je parlais récemment dans ce blog, ayant rencontré l'auteur, et « Le domaine des Murmures » (2011) avec Esclarmonde, emmurée vivante avec des secrets incroyables, nous voici deux siècles plus tard, avec Blanche, toujours dans ce même domaine en Franche-Comté et la rivière enchanteresse de « la Loue » pour un conte médiéval pour adultes. On sait que l'auteur aime consacrer ses récits à des héroïnes féminines.

Nous allons suivre le destin incroyable de Blanche qui a 12 ans en l'an 1361. Son père l'emmène, innocente et inconsciente de la vie à venir, avec ses gardes, dans l'immense forêt inquiétante qui sépare son château du Domaine des Murmures. Cette fillette, orpheline de mère à l'âge de un an, « un peu sauvageonne, inquiète et décidée » pense être sacrifiée au diable et ainsi stopper les guerre, la peste, la sécheresse ou les pluies torrentielles…

« Comme deux fantômes qui n'en font qu'un », nous entendons deux voix en alternance : voix de la petite fille et voix de sa vieille âme errante qui évoque les souvenirs de sa délicieuse enfance.

Nous rencontrerons des personnages d'un monde magique et chevaleresque : le père de Blanche, le beau chevalier qui depuis la mort de sa femme ne pense qu'aux armes, à la ripaille, aux putains et au diable ; son futur beau-père, Jehan de Haute-Pierre « ce bon gros seigneur » ; Aymon, son fiancé que l'on nomme l'Enfant ; Eloi le beau charpentier et sa force surnaturelle. Entrerons en scènes aussi tout un monde de fantômes rieurs, d'ogre amateur de petites filles, de cuisinière de plats magiques, de Dame Verte représentant la « somptueuse et nonchalante » rivière La Loue, d'un cheval Bouc magnifique et particulièrement intelligent, de « loups des sable ». Chacun racontera à Blanche une partie de l'énigme de sa naissance et de sa vie, ce qui nous mènera à un dénouement imprévisible...

Difficile de vous transmettre l'enchantement et l'envoûtement que l'on ressent à la lecture de ce récit avec un mélange d'écritures : prose poétique, sensuelle et charnelle (quelque fois un peu crue), passages de poèmes, quelques dictons d'époque, quelques chansons dont l'auteur nous explique les origines à la fin du livre dans une « lettre à mon éditeur ».

Il faut lire et relire quelques passages de cet univers féérique : la description de la petite chemise d'un réalisme touchant, celle du vieux jardinier, celle d'Aymon, « enfant-chien », simple d'esprit avec ses frasques, celle du filage de la laine, celle de la façon d'apprendre à écrire, celle de l'intimité avec le cheval, celle des moments de veille du malade, celle de la rivière la Loue et des sensations du corps dans l'eau, celle du moments des vendanges, celle des tournois des chevaliers et la légende de la rose noire….

On tombe sous le charme de ce magnifique « conte médiéval aussi singulier qu'envoûtant où il est question de filiation, de solitude mais aussi d'amour et d'espoir (LIRE)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire