C‘est l’histoire de Jack, un
petit garçon de 5 ans, qui est le résultat de l’enlèvement, du viol et de la
séquestration de sa maman à l’âge où elle était étudiante il y a 8 ans. Jack,
ce petit bonhomme, ne connaît que la chambre « Room » où il habite,
c’est-à-dire un abri de jardin transformé, insonorisé, invisible. Le seul lien
extérieur est le kidnapper, le « Grand Méchant Nick » qui apporte à
manger chaque semaine et tient la mère et l’enfant sous sa coupe.
L’originalité de ce récit est que Jack est le
narrateur : « c’était un défi : décrire un monde minuscule à un
mètre du sol par les yeux d’un enfant « sauvage » » nous dit
Emma Donoghue dans une interview. L’auteur réussit à nous faire rentrer dans la
tête de Jack en se servant de la voix de l’enfant avec les maladresses et les
fautes de cet âge et le langage enfantin, agaçant, déroutant et parfois
difficile à comprendre au début, rend ce livre très émouvant. Ses seuls amis
s’appellent « Madame Télé » ou « Monsieur Chaise » comme
s’il s’agissait d’êtres vivants et Dora l’exploratrice, personnage d’un dessin
animé qu’il aime regarder à la télévision.
On peut tirer un coup de chapeau
à la traductrice qui réussit à rendre pleinement le langage de l’enfant en
inventant même des « mots-sandwich » (comme dit l’enfant) tel que « peurageux »
pour peureux et courageux !
Ce huis-clos a développé
évidemment un lien très fort entre ces deux êtres, l’allaitement étant le
symbole de leur attachement charnel, physique et psychologique. La routine de
la vie dans ce « 4 mètres-carré »
est décrite avec énormément de finesse et l’auteur analyse très
intelligemment le rapport mère-enfant. La maman réussit à entretenir l’illusion
d’une vie normale et l’enfant mélange le réel, la fiction, le
« dehors ». Jusqu’au jour où elle va « tout risquer pour
permettre à Jack de s’enfuir ». Le roman prend alors la tournure d’un
thriller et la tension monte. On ne peut s’arrêter de lire tant le moment est
palpitant.
Mais comment Jack et sa maman
vont-ils réussir à trouver leurs repères dans la vie du « Dehors » ?
Quel accueil va leur réserver le monde extérieur ? L’analyse des
traumatismes subis par les deux personnages est lucide, envoûtante et glaçante.
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