dimanche 15 juin 2025

Douglas Kennedy : Ailleurs, chez moi (N°1- Juin 25)

 Ailleurs, chez moi - 1

 Douglas Kennedy : Ailleurs, chez moi - Belfond, 2024 - roman

 Douglas Kennedy est l’auteur américain que je préfère et je suis accro à tous ses livres que je lis depuis la parution du premier « L’Homme qui voulait vivre sa vie », paru en 1998 chez Belfond, écrit lors de sa troisième année universitaire à Dublin, lieu où il a commencé à écrire tous les jours et qui a abouti à être l’écrivain formidable qu’il est actuellement. « Il est devenu un observateur privilégié de l’Amérique et partage sa vie entre sa maison dans le Maine et ses pied-à-terre à Paris et à Berlin » (le Monde). Ce livre-ci est « enchanteur » car l’auteur nous écrit avec son talent habituel « un récit autobiographique et historique ».

J’ai particulièrement apprécié les premiers chapitres qui sont consacrés à son enfance et son adolescence dans le quartier Upper West Side de New York dans les années 1960-70, entre un père conservateur, colérique, avec qui il s’est fâché et une mère juive new-yorkaise maniaco-dépressive… Description et ambiance de cette ville.  « Grandir à New York a été un immense cadeau » dit-il.

Puis l’auteur nous fait voyager dans l’Amérique profonde au gré de  ses rencontres surprenantes, de ses amitiés succulentes, le tout écrit avec un humour et une autodérision très spéciale.

Les derniers chapitres sont sur l’Amérique actuelle dans laquelle il se sent mal à l’aise avec l’élection du premier mandat de Donald Trump, les événements du capitole, les années Covid. Il termine un interview au Journal le Monde en décembre 2024, en disant « Je continuerai à passer la moitié de l’année aux Etats-Unis. C’est mon pays et, en tant qu’écrivain, je dois en faire partie. Mais mon passeport européen m’offre une alternative. J’ai une hypothèse au sujet de la vie : "tout est supportable avec un billet d’avion aller-retour " et il termine son livre en écrivant : « est-il possible de craindre et d’aimer son pays tout à la fois » ???

A lire absolument... 

 

Marie Vingtras : Les âmes féroces (N°2 - Juin 25)

 

Marie Vingtras : Les âmes féroces - 2024, Ed. de l'Olivier - roman 

Marie Vingtras a reçu beaucoup de prix pour son premier roman Blizzard qui se passait en Alaska. Ce deuxième récit a reçu le Prix du roman FNAC 2024. Il a lieu aussi en Amérique mais plus au Sud, dans une petite ville du Midwest de 4000 habitants. L’écrivaine utilise la même technique littéraire : c’est un « roman choral » où les événements se juxtaposent en 4 chapitres, 4 saisons, 4 décors, 4 monologues des possibles meurtriers d’une jeune fille sage et discrète : c’est donc comme « un polar psychologique » (Fémina).

La shérif, Lauren Hobler, mène l’enquête et s’obstine à chercher les failles de chaque personne ayant côtoyée cette jeune fille dans ce village où tout le monde se connait ou croit se connaître : les masques tombent avec les mensonges et les ressentiments, les secrets, les confidences, les relations complexes entre hommes-femmes et parents-enfants, les problèmes liés à la paternité, les secrets de famille…

C’est aussi une description très fine d’un petit bourg rural américain où il ne se passait rien et où, d’un coup, chaque habitant devient suspect dans « cette société américaine corsetée et bien moins généreuse qu’elle aimerait le faire croire. (Figaro)

L’écriture est directe, rude, moderne mais aussi bouleversante comme chaque personnage dont les propos tiennent le lecteur en haleine jusqu’à la fin car, en fait, chaque chapitre est écrit à la première personne par un des quatre suspects avec un style différent selon le personnage. Cette construction est  très habile et l’auteur « dévoile petit à petit toutes les pièces du puzzle »….

A lire absolument

  Les âmes férocesLes âmes féroces - 1

Alain Mabanckou : Cette femme qui nous regarde (N°3 - Juin 25)

Cette femme qui nous regarde - 1

 Alain Mabanckou : Cette femme qui nous regarde - Robert Laffond,2024 - biographie

 Alain Mabanckou est un romancier, poète et essayiste franco-congolais. Son œuvre est traduite dans une quinzaine de langues. Il enseigne depuis 20 ans à l'université de Californie à Los Angelès. Il est "professeur invité" au collège de France à Paris.

Il a obtenu le Prix Renaudot en 2006 pour "Mémoires du porc-épic" et est Chevalier de la Légion d'honneur depuis 2010.  

Par l'intermédiaire de lettres écrites à Angéla Davis, en la tutoyant..., Alain Mabanckou, explique "le combat inlassable qu'elle mène contre le racisme et pour les droits civiques aux Etats-Unis", combat qu'il partage, mais aussi l'admiraton sans failles qu'il a pour cette femme en faisant le  portrait "d'une des femmes les plus importantes de notre époque". 

Chronologiquement, il reprend tous les événements qui le lie à cette femme extraordinaire, toutes les personnalités qu'elle a cotoyées, tous  les écrivains qu'elle aime  (et lui aussi évidemment).

Quel régal de le lire mais aussi de l'écouter...