mardi 4 février 2020

Delphine Minoui : Les passeurs de livres de Daraya (N°3 - Janv 2020)

Delphine Minoui : Les passeurs de livres de Daraya (une bibliothèque secrète en Syrie) - 2017, Ed du Seuil, Points - témoignage.


Cette journaliste a reçu pour ce document le Grand Prix des Lectrices de Elle en 2018, bien que la parution de ce livre remonte en 2017. En passant à la Grande Librairie le 22 septembre 2017, elle fut très écoutée et particulièrement félicitée par Erik Orsenna qui lui a dit qu’elle méritait pleinement le Prix Albert Londres qu’elle avait reçu en 2006 comme étant le meilleur « Grands Reporters » francophone grâce à ses articles sur l’Irak, le Liban, le Yemen, la Lybie et la Syrie. Elle est grand reporter au Figaro, correspondante de Presse à Istanbul, spécialiste du Moyen Orient.
Dans ce document, elle explique comment elle a réussi à entrer en relation avec des jeunes syriens et mails après mails, messages après messages, nous apprenons la vie de ces jeunes gens.
« Bachar al-Assad s’était juré de les enfermer vivants, d’ensevelir la ville et leurs espoirs. Daraya, un des berceaux du printemps syriens de 2011, à 7 km de Damas, est devenu un tombeau à ciel ouvert. Mais sous les bombes, les derniers insoumis assiégés ont bâti une forteresse de papier pour résister : pendant quatre années de blocus, Ahmad, Shadi, Hussam ou Omar ont exhumés des milliers d’ouvrages ensevelis sous les décombres de la ville et les ont rassemblés dans une bibliothèque secrète, calfeutrée dans un sous-sol. Au cœur du chaos, un refuge où la parole circule, contre les atrocités, l’absurde, l’oubli…. »
C’est un hommage à la lecture que nous lisons page après page :  La lecture de certains de ces ouvrages récupérés a sauvé ces jeunes syriens qui ont découvert  des philosophes arabes, livres interdits sous Bachar al-Assad, des livres de psychologie, des livres d’histoire. Ce développement personnel les a maintenus en vie et on peut constater la puissance de la lecture dans ce pays en guerre.
Quelques passages des messages écrits par les jeunes syriens : « Si les livres ne peuvent soigner les plaies, ils ont le pouvoir d’apaiser les blessures de la tête. En fait, le simple acte de lire est d’un immense réconfort » « Le livre ne domine pas. Il donne. Il ne castre pas. Il épanouit ». Ils aiment « les livres où il est question d’épanouissement personnel, de quête de soi, de construction d’une identité propre et solide. » « La lecture m’aide à penser positivement, à chasser les idées négatives » « Dans l’enclave syrienne, la lecture est aussi un acte de transgression. C’est l’affirmation d’une liberté dont ils ont longtemps été privés. » « J’ai l’impression de ressortir grandi de cette tragédie. Jamais je ne me suis senti aussi libre, porteur d’une mémoire que personne ne pourra m’arracher".
Magnifique témoignage.

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