lundi 29 mai 2017

Anne Wiazemsky : Un saint homme (N°2 Mai 2017)


livre un saint homme

Anne Wiazemsky : Un saint homme - Gallimard, 2017 - roman.

 

C’est toujours un grand plaisir de retrouver Anne Wiazemsky qui m’a enchantée avec plusieurs romans autobiographiques  tel que « Mon enfant de Berlin » (2009), puis les deux romans sur sa rencontre et sa séparation avec Jean-Luc Godart, cinéaste de la Nouvelle Vague (autour de 1968) : « Une année studieuse » (2012 et en poche en 2013 puis « Un an après » (2015 puis en poche en 2016) chez Gallimard.
Elle nous écrit ici sa rencontre avec le Père Deau. A l’émission La Grande Librairie, elle a dit qu’elle savait qu’elle écrirait un jour sur ce prêtre qui fut son professeur de français à Caracas où elle vivait avec sa famille et qui lui fit aimer la langue et la littérature françaises. Après l’avoir perdu de vue, elle le retrouve en 1987 et nous fait ici un récit magnifique sur son amitié avec le « Saint Homme ».
La jeune Anne, « frêle rousse au caractère obstiné », suggère, comme elle sait le faire, sa vie au collège vers l’âge de 13 ans et sa rencontre  avec le Père Deau qui fut le premier à être enchanté par ses tentatives d'écriture alors qu’elle plagiait « Le club des Cinq »…Il l’encouragea, la guida dans ses lectures. Puis elle fut envoyée en pension en France et ils perdirent le contact pour se retrouver 20 ans après. Leur complicité est toujours la même : elle est pour lui son « enfant de Dieu », « enfant de mon cœur ». Elle se confie à lui et évoque avec une nostalgie tendre, leurs souvenirs et les événements de sa vie de femme, d’écrivain et d’actrice : « Elle alterne les récits de retrouvailles, joyeuses, inconditionnelles, élévatrices et les évocations de sa vie personnelle qui continua vaille que vaille dans des entre-deux souvent houleux et douloureux » (Télérama). Le Saint Homme ne la juge pas, la soutient, ne critique pas son manque de croyance en Dieu (elle ne pouvait croire en ce Dieu qui lui avait enlevé son père si jeune).
J’ai apprécié les quelques passages qui se passent dans la propriété du grand père de l’auteur, François Mauriac : superbe demeure près de Bordeaux, nommé Malagar, que j’ai visitée l’été dernier.
Très beau récit sur ce portrait affectueux du saint homme et la « restitution du mystère de cet attachement » qui a lié ces deux êtres.
Bruno Frappat dans « la Croix », écrit cette phrase : «  Un tel lien, riche et beau, serait impossible à notre époque où le principe de précaution poussé à l’extrême s’insinue partout, faisant naître le soupçon dans toute relation d’âme à âme entre un « saint homme » et une jeune fille pure »… Dommage de penser ainsi…



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