mercredi 1 février 2017

Kaoutar Harchi : A l'origine notre père obscur. (N°4 janv 2017)


livre a l'origine notre pere obscur

Koautar Harchi : A l'origine notre père obscur -  Ed.Babel, 2016 - roman






Impossible d’exprimer ce que l’on ressent en lisant ce texte magnifique et intense. Il faut simplement le « lire ».
Deux parties de 15 chapitres et au huitième, la vie de la jeune fille bascule. C’est d’abord la quête de l’amour de sa Mère puis la recherche de ce Père qu’elle a toujours rêvé de rejoindre.
Une adolescente vit avec sa mère enfermée depuis toujours dans la « maison des femmes » où le Père a conduit la mère enceinte pour avoir « failli à la loi patriarcale ». On ne connait ni l’époque ni le lieu. C’est un pays où la souffrance des femmes est omniprésente.
La mère protège l’enfant puis l’adolescente protège la mère qui devient démente. Le texte est à la première personne : c’est la fille qui parle et nous livre une intimité touchante. Elle cite « l’accoutumance au chagrin, la dépendance au mal » dans cette « maison disciplinaire » où ce huis-clos pesant entre femmes est décrit de façon si émouvante, vu par l’enfant puis la jeune fille. Les femmes entre elles se soutiennent : complicité, confusion,  connivence. Elles forment une fusion, une entité  dans l’attente de la libération. Les mots marquants sont dépossession, enfermement, emmurement, entassement, étouffement, empilement.
Nous lisons des pages magnifiques sur l’amour, la compassion, les égards, le deuil, la douleur, la tristesse, l’affliction, le tout écrit dans un style particulier, puissant, fait de phrases courtes parfois même tronquées comme pour laisser une interrogation…
Une fois libérée, l’adolescente découvre que le drame existe aussi dans la demeure paternelle : elle veut comprendre et l’explication de cette tragédie est terrifiante. Cette jeune fille sera passée par l’acte de la séparation, de la désaffiliation, de la révolte, de la libération… La rupture sera-t-elle l’ouverture vers une survie ?
Livre très émouvant et bouleversant.


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