mercredi 1 février 2017

Andreï Makine : L'archipel d'une autre vie (N°2 janv 2017)

livre l'archipel d'une autre vie 

Andrei Makine : L'archipel d'une autre vie -Seuil, Aout 2016 - roman



Andreï Makine, écrivain franco-russe, élu en mars dernier à l’Académie Française, a reçu le 7 décembre 2016 « son épée d’immortel ». Cela n’a pas transformé cet auteur que j’admire beaucoup et « il n’a pas perdu son goût pour la nature sauvage ni sa foi mystique en l’amour » (ELLE).
Le héros de ce roman, Pavel Gartsev, est un soldat, déjà vétéran à 27 ans, en 1952, enrôlé par un comité militaire pour des expériences qui pourrait servir pour une éventuelle troisième guerre mondiale dans la Sibérie orientale en pleine période stalinienne. Mais Pavel est mal vu par ses chefs et est chargé avec 5 autres soldats, « chacun représentant un fragment de la Russie » nous dit l’auteur, de poursuivre un fugitif échappé d’un camp d’internement stalinien et qui écume la taïga armé d’un fusil. Cette petite patrouille sera dirigée par le terrible Louskass qui s’avère lâche dans les difficultés ainsi que son second Ratinsky. Ce huis-clos entre ces 5 hommes est vraiment très bien vu par l’auteur. Quel talent pour décrire les états d’âmes de chacun, leur façon de voir la société des hommes, leur projets, leurs idéaux, leur fraternité et leur humanité.
Notre héros restera seul à la poursuite de l’étrange fugitif qui lui échappe et « une communion troublante se noue entre Pavel et ce criminel traqué entre rage, peur et fascination ». (Version Fémina)
Que de belles évocations de cette nature hostile et de cette taïga qui fut une terre d’asile pour nombre de fugitifs, de la rivière et des torrents glacés, des brumes du Pacifique qui conduisent notre héros jusque l’Archipel des Chantars dans le mer d’Okhotsk. (Il faut absolument regarder une carte…) L’écriture sobre de l’auteur convient à merveille pour décrire cette chasse à l’homme et pour nous surprendre lorsque l’identité de la « proie » sera dévoilée.
Andreï Makine confirme que l’histoire est réelle et qu’il est le garçon de 14 ans, rencontré en début du roman, à qui Pavel raconte son « histoire ».
Je garde toujours une immense admiration  pour les auteurs qui écrivent dans une autre langue que leur langue maternelle, l’auteur n’ayant appris le français qu’à 30 ans, à son arrivée en France.
Ce roman d’aventure, « quête initiatique et spirituelle » est fascinant d’un bout à l’autre. Quel bon moment de lecture.

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