samedi 26 mars 2016

Thomas B. Reverdy : Il était une ville (n°4 Mars 2016)

livre il etait une ville 

Thomas B. Reverdy : Il était une ville - Flammarion, 2015 - roman français



Un article « Welcome in Détroit » m’a interpellée : des journalistes sont allés à Détroit, l’ancienne Motor City, capitale de la voiture, l’une des emblèmes de « l’american way of life » pour constater l’effondrement de cette ville frappée par la crise en 2008 et mise en faillite en 2013. « Le temps de la voiture reine est loin ». Il est écrit dans cet article : « La ville abrite encore de belles braises que nous sommes allés dénicher et, note d’espoir, pour ces ruines,  le temps des artistes et des créatifs est venu : on achète des maisons à très bas prix, on les retape de ses propres mains » : espoir donc de renaissance de cette ville, ce qui fait plaisir. Cet article m’a donné l’envie de lire le roman de T. B. Reverdy qui se passe à Détroit.
La ville de Détroit est donc le héros de ce livre. Les habitants qui le peuvent ont fui cette cité sans avenir : rues et quartiers pétrifiés, maisons abandonnées, fenêtres condamnées par des planches, immeubles squattés. L’auteur y fait vivre quatre personnages principaux : Eugène, jeune ingénieur français qui travaille pour « l’Entreprise », venu ici mettre en place un projet innovant et se rend vite compte de l’imposture ; un groupe de gamins désœuvrés sous l’emprise d’un plus âgé, Stro, qui fait du sale boulot pour un caïd local. Charlie fait partie de cette bande et cet adolescent fugueur est très bien décrit ; la grand-mère de Charlie, la vieille et pieuse Georgia, qui préviendra la Police de la disparition de son petit-fils : magnifique grand-mère… ; un inspecteur de police Brown qui essaie de faire régner un peu d’ordre dans cette jungle urbaine et qui est chargé de l’enquête sur la disparition mystérieuse des enfants et ados.
Tous ces personnages sont merveilleusement décrits « avec une magistrale richesse de vocabulaire et d’images » (BPT) « dans une prose charnelle, infiniment pudique et sensible ». Le  Monde dit : « La désolation est racontée avec délicatesse et sans esbroufe ».
 C’est une sorte de thriller psychologique bien ficelé, envoûtant et inquiétant dans une ambiance d’ « apocalypse lente » avec des personnages bien caricaturés. Télérama écrit : « Reverdy exprime de manière troublante la poésie mélancolique de ce monde à l’envers où flottent malgré tout des étoiles ».

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