lundi 29 février 2016

Agnès Desarthe :Ce coeur changeant (n°3 Fév 2016)

livre ce coeur changeant 


Agnès Desarthe : Ce cœur changeant -Ed de l'Olivier, 2015 - roman français



Agnès Desarthe se livre « au plaisir du romanesque avec un art consommé du récit, du tableau et du dialogue » nous écrit un critique du Monde. En effet, ce roman est une réelle fiction sur la vie d’une femme singulière au tournant du XXème siècle. L’auteur dit : « Je pense que la fiction est une très bonne façon d’enquêter sur le réel ».
Rose est la fille d’une aristocrate danoise farfelue et extravagante (dreyfusarde) et d’un militaire coincé sans mérite (antidreyfusard) « français maigrichon à tête de musaraigne ».
Elle largue les amarres familiales et arrive seule à Paris à l’âge de 20 ans après une enfance entre le Danemark, l’Afrique et Saint-Germain en Laye. Elle arrive seule, sans famille et sans sou avec pour seuls bagages les œuvres d’Alexandre Dumas lues et relues, la  connaissance de plusieurs langues et l’éducation de sa gouvernante Zelada, nounou hors norme (dont elle parle avec beaucoup de nostalgie), « mais elle ne sait rien de l’argent, des hommes, de la politique et du sexe. »
« Rose a du mal à savoir qui elle est, ce qu’elle désire et où elle va ». Ses réflexions sur la vie sont candides, naïves. Elle manque souvent de tomber au plus bas mais se relève toujours. Rose connait la pauvreté et l’exploitation mais s’adapte  avec courage. Elle découvre l’amour dans une relation passionnelle avec une Louise excentrique puis l’amour maternel car un bébé orphelin d’une cousine lui est confié (très beau passage de cet éveil à la maternité). Nous allons donc d’aventures en aventures en ce début du XXème siècle à Paris. On traverse les années, la société, la politique. On passe par l’affaire Dreyfus, la Grande Guerre, les Années folles, la vie d’artistes et la bohème et la vie des bas-fonds.
Ce livre a obtenu le Prix Littéraire du Monde qui le considère comme « un roman d’évasion à la fois historique, d’aventures, philosophique. Le souffle, la beauté, l’originalité de ce roman l’ont imposé » (Le Monde du 11/09/2015)
Pour ma part, malgré la variété des aventures, j’ai trouvé certains passages un peu lourds et longs et le lien entre les aventures de cette incroyable existence un peu trop baroque et irréel.
N’oublions pas qu’Agnès Desarthe est traductrice (à ce sujet, son très bel essai « Comment j’ai appris à lire » paru en poche en 2014). Ce travail de traductrice l’apprend à jouer avec les mots et son écriture est merveilleuse. « L’auteur, on le sent, s’est documentée et émaille son texte de mots disparus de la surface du XXIème siècle, rendant ainsi plus crédible la fresque historique en arrière-fond » (Match)
Beau roman de pure fiction d’une très belle écriture, mais un peu trop irréel à mon gout…

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