vendredi 27 novembre 2015

Alexandre Seurat : La maladroite (n°2 Nov 2015)

livre la maladroite 

Alexandre Seurat : La maladroite- Ed du Rouergue, coll. La Brune, 2015 - roman-témoignage - livre court.


Dès les premières lignes, nous comprenons le destin tragique de cet « enfant-martyre », Diana, fillette de 8 ans, « unique souffre- douleur de la fratrie ».

L’auteur s’est inspirée du drame de marina Sabatier, une fillette victime de maltraitance et décédée en 2009.

L’auteur ne tombe pas dans le mélo et il choisit de faire parler tour à tour l’entourage de cette fillette comme dans un roman choral : la grand-mère, la tante maternelle, le frère aîné, les trois instituteurs, les directeurs d’école, l’assistante sociale les médecins scolaires, les gendarmes.  Ils nous expriment leurs remords, leurs sentiments de culpabilité, leur impuissance, leurs pensées, leurs émotions dans des monologues intérieurs. Tous ces témoins sont dans l’effroi et se rendent compte qu’ils n’ont pu faire quelque chose ou qu’ils n’ont pas voulu voir…

Nous assistons aux premiers signes, aux premières alertes au moment où les parents disent : « elle est maladroite ». Comment ces parents peuvent-ils mentir avec une telle force et un tel aplomb.

Quant à cette pauvre enfant, comment n’avait-elle jamais rien dit de son calvaire ? Par amour, pour protéger ses parents tortionnaires, par loyauté envers eux ….  disent les psychologues. Avait-elle conscience de ce qui lui arrivait ? Et le grand frère, comment était-il tenu au silence à l’intérieur de cette cellule familiale ?

« Entre effroi et malaise, on lit ce roman en apnée, avec la sensation de faire face à une force venimeuse, contre laquelle on ne peut rien » dit un critique.
Le langage est direct et familier, caractéristique de ce milieu social et en lisant certains paragraphes, j’ai beaucoup pensé au témoignage d’Edouard Louis dans son superbe livre « En finir avec Eddy Bellegueule »…sur un tout autre sujet mais dans un milieu semblable et donc avec un style tout aussi abrupt.
L’auteur soulève le problème de l’impuissance, l’inconscience, les négligences et le manque de coordination des institutions et explique qu’il a écrit ce récit car il « a conscience d’avoir une certaine responsabilité vis-à-vis de ce sujet de la maltraitance des enfants »


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