COUP DE COEUR
"Une année studieuse" de Anne Wiazemsky - 2012, Gallimard - roman français.
Anne Wiazemsky, dans
« Mon enfant de Berlin » imaginait la jeunesse de sa mère, fille de
François Mauriac, engagée volontaire comme ambulancière à la Croix-Rouge en
1944. Elle se mariera avec un français d’origine russe qui aidait à récupérer
les Alsaciens prisonniers des Soviétiques, les « malgré-nous », Yvan
Wiazemsky. J’avais déjà beaucoup aimé ce livre…
Maintenant l’auteur
nous raconte comment, en 1966, à 19 ans, surgit dans sa vie à elle le cinéaste
Jean-Luc Godard, de 17 ans son aîné : « Elle a peur de lui, de tout,
de la vie. Il insiste, elle cède, ils deviennent amant cet été-là. »Ce livre « lumineux » dira F. Busnel en le présentant à la « Grande Librairie » est le roman de leur vie, de leur jeunesse énergique et joyeuse. L’auteur dit que ce livre n’est plus tout à fait son histoire : « La mémoire en a fait un roman » dit-elle. Elle réussit à faire « un brouillage de la réalité et de la fiction » (comme l’auteur Collette qu’elle admire dans « Naissance d’un jour » paru en 1928.)
On découvre un Godard terriblement amoureux, désarmant, fantaisiste, possessif, jaloux, très touchant qui va faire l’éducation de sa bien-aimée : les livres, le cinéma, la philosophie, le « petit livre rouge » de Mao : il lui enseigne tout, s’impose sur tout, la couve de cadeaux originaux, l’affole avec des surprises extravagantes. Anne doutera même de son amour : « Disputes et larmes ponctuent ce marivaudage passionné délicieusement nouvelle vague » nous dit un critique…
Elle, elle passera son
bac philo, ira à la faculté de Nanterre tout juste inaugurée où elle cotoie
Dany Cohn-Bendit, sera à l’avant-garde en prenant la pilule, tournera un film
« la Chinoise », se disputera avec sa mère qui ne veut pas accepter
« ce barbon gauchiste qui détourne sa fille mineure » (mais elle en a
fait autant : elle a’ elle aussi, bravé tous les interdits !!).
Ils se marieront dans
l’intimité en Suisse sans famille ni témoins après avoir obtenu l’assentiment
de François Mauriac, le grand-père et tuteur d’Anne : « Devenir
grand-père de Jean-Luc Godard, quelle consécration » dira-t-il.Tout nous touche dans ce récit qui, en même temps retrace la France des Années « soixante ».
Les lecteurs de la génération sixties adoreront ce « roman » et retrouveront tous les problèmes et les joies de ces années mouvementées marquées par l’émancipation des femmes, leur liberté et les événements de mai 68.
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