lundi 27 mars 2023

Laure Adler : Françoise Héritier (N°2-mars2023)

 Françoise Héritier, le goût des autres - 1

Laure Adler : Françoise Héritier , le goût des autres -2022, Albin Michel- témoignage et biographie

Laure Adler célèbre son amie Françoise Héritier : « La femme de tous les combats, un combat pour toutes les femmes » écrit-elle. Françoise Héritier, enfant de la guerre, née en 1933, fut anthropologue, professeure, militante, ethnologue et chercheuse et a disparue en 2017. Laure Adler nous en fait un  portrait de femme joyeuse et belle. Elle dresse son parcours intellectuel et fait une véritable déclaration d’admiration et d’affection pour son amie qui, dit-elle, lui a donné « le goût de vivre ».

Avec deux grands pères paysans, l’avenir de Françoise Héritier était tout tracé : vie à la campagne, mari et enfants…mais c’est mal la connaitre. Une fois étudiante à Paris, elle fait la fête à Saint-Germain-des-Prés mais aussi fait des études à la Fac et se dirige vers l’anthropologie. Elle aura deux maris, deux grands hommes : Michel Izard et Marc Augé et sera mère d’une fille unique. 

Lors d’un séminaire dirigé par Claude Levi-Strauss, elle est subjuguée par ce savant qui l’émeut : « d’abord sa voix, son grain de voix, grave et tremblé, cette manière douce et brutale d’asséner son rapport au monde ». Elle devient son élève et il l’enverra vivre avec le peuple africain où elle passe de nombreux séjours en Haute Volta (Burkina Fasso actuel) pour une mission d’étude en 1957 sur le peuple  Samo  avec l’idée de « déconstruire les idées reçues sur le masculin et le féminin et lutter contre toutes les formes d’oppression dont souffrent les femmes ». Elle étudie la famille et son évolution, les violences faites aux femmes et aux enfants.  Elle s’intéresse à des « sujets de société qui n’étaient ni à la mode en ethnologie, ni dans l’esprit du temps » nous écrit Laure Adler.

Françoise Héritier succède à Claude Levi-Strauss au Collège de France et devient alors Professeure.  Elle reste battante, vaillante malgré la maladie et continue toujours « d’avoir la pêche et ne se prend pas au sérieux ».

Magnifique témoignage de Laure Adler à son prof, son amie, celle qui lui a donné « le goût de vivre », dont elle nous parle avec une élégance et une bienveillance infinies.

N’oublions pas les petits livres extraordinaires de Françoise Héritier : « Le sel de la vie » édité en 2012, lettre écrite à son médecin le Docteur Piette, interne à l’hôpital de La Pitié qui la soigna pendant 30 ans. Puis « Le goût des mots » édité en 2013, un peu comme un jeu avec les mots.

 

 

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