lundi 4 avril 2022

Charles Wright : Le chemin des estives (N°2 - Mars 2022)

 

Charles Wright : Le chemin des estives - Ed Flammarion, 2020 - récit

« Le noviciat jésuite prévoit que le candidat à la vie religieuse se consacre à un ‘mois mendiant’, un pèlerinage sans argent ni téléphone en compagnie d’un acolyte qu’il n’aura pas choisi » (la Croix) et nous voilà partis pour lire ce récit de Charles, novice de 40 ans, l’été 2019, qui marchera 700km sur le GR 4 de la Charente (Angoulême) jusqu’en Lozère (Notre-Dame des Neiges). Son compagnon « de pèlerinage » est Benoît. Ils éprouvent leur force physique et spirituelle. Ils connaitront ensemble beaucoup d’états d’âmes et d’états d’esprit qui passent par « la joie, la gratitude, la déception, la chaleur, la fatigue, la faim » mais aussi la démarche spirituelle, aidée par les lectures passionnantes que Charles a prévues : Charles de Foucauld 1858-1916 (ce lettré fêtard qui brave le danger et se révèle un soldat et un chef puis devient moine ermite au Sahara) ; les poèmes de Rimbaud 1854-1891 (qui marcha beaucoup dans l’Est et dans les pays africains) ; Antoine de Saint-Exupéry avec «Terre des hommes » écrit en 1939 ;  « L’Imitation de Jésus-Christ » (œuvre anonyme de piété du XVème siècle, écrit en latin qui étudie la vie spirituelle, la vie intérieure, la consolation : « il s’agit de persuader les religieux de choisir l’intimité avec le Christ plutôt que la fréquentation du monde ») ; Les Essais de Montaigne ; « Les forêts du Maine » de Henri David Thoreau, écrit en 1864, livre qui aide beaucoup Charles qui se considère « comme un analphabète de la nature ».

Ils traversent de magnifiques paysages (on se prend au jeu en regardant le tracé de leur itinéraire qui est imprimé en début du livre mais aussi sur une  carte plus précise de villages en villages) qui apprennent à Charles la contemplation, la beauté du silence, l’histoire des lieux (géologie, langage) tout en essayant de fuir le macadam et la rumeur des voitures : « mésaventures et menus bonheurs, petites fanfaronnades et déconvenues de la vie commune font rire de bon cœur » (la Croix) mais au fur et à mesure de la marche, les réflexions deviennent plus profondes et Charles décrit sa démarche spirituelle et nous fait participer à l’évolution de ses pensées…

La fin ne nous surprend pas : il écrit : « De mon côté, il fallait s’y attendre, j’ai quitté le noviciat. C’était une évidence, trop sauvage pour m’incorporer à un groupe ». Il avoue avoir eu beaucoup de difficultés à renouer avec la vie sociale.

Très beau cheminement sur ce GR et sur l’évolution intérieure de Charles à qui on s’attache au fil des pages. A lire et relire…en marchant…

 Le chemin des estives

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