dimanche 6 mai 2018

Chantal Thomas : Souvenirs à marée basse (N°2 - avril 2018)


 livre souvenirs de la maree basse


Chantal Thomas : Souvenirs de la marée basse - Seuil, 2018 - roman autibiographique.

Lors de la sortie du film « L’échange des princesses », réalisé par Marc Dugain, auteur dont j’ai lu avec beaucoup de plaisir de nombreux romans, on a parlé de  Chantal Thomas qui a écrit le roman paru en 2013 et le scénario de ce beau film sorti récemment. Cela m’a donné envie de lire le dernier livre de cette auteure, récit autobiographique  sur sa jeunesse en première partie « Le temps d’Arcachon » et sur sa relation avec sa mère Jackie en deuxième partie « D’autres rivages ».
D’une écriture « précise et affûtée » et très poétique, l’auteure décrit son enfance à Arcachon de 1946 à 1963. Elle nous décrit cette ville d’Arcachon, la ville des quatre saisons, où sont arrivés ses grands parents pour les premiers congés payés en 1936 et où ils sont toujours revenus puis installés. L’auteure évoque les sensations de sa plus tendre enfance qui se passe essentiellement à la plage : ramper, marcher, toucher l’eau puis nager. Puis elle décrit sa première grande amitié avec Lucile : toutes deux « enfant de la plage », contrairement aux enfants venus en touristes quelques jours. Elle y voit sa mère (sûrement une bipolaire, dirait-on maintenant) nager le crawl tous les jours pour établir des performances surveillées par son père. Pour Jackie, la natation est un « « rite solitaire, conduite de survie, manifeste de style »  qui la rend « calme et détendue » : «  nager était son seul but, les histoires des autres ne l’intéressent pas »…
 Cela nous vaut des pages magnifiques sur la mer, ses couleurs, ses changements, sur la façon de rentrer dans l’eau, de nager, de s’ébattre, de flotter, de plonger, de perdre pied, d’ « aimer l’eau » ainsi que des citations de Paul Morand sur le crawl tirées de son livre « Bains de mer ». La devise de la famille pendant la jeunesse de l’auteure était : « Sports, Vacances, Joie, Soleil », leitmotiv écrit sur les albums de famille.
Puis l’auteure perd son père âgé de 43 ans et sa maman devient une jeune veuve de quarante ans « oublieuse, lunatique » qui désire quitter Arcachon pour la Côte d’Azur. Sa santé mentale se dégrade et les deux femmes n’arrivent pas à communiquer si ce n’est par cartes postales ou « appels longues distances ». En fin de récit, elles se retrouvent « voluptueusement » autour d’un plateau de fruit de mer et d’un vin blanc.
Très belle évocation de la transmission entre les  générations, grands-parents et parents de l’auteure, sur les sensations de la prime enfance, sur les relations mère-fille et très beau portrait d’une époque.


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