dimanche 1 avril 2018

Yannick Haenel : Tiens ferme ta couronne (N°2 - Mars 2018)

Yannick Haenel : Tiens ferme ta couronne - 2017, Gallimard - roman français


livre tiens ferme ta couronne

Yannick Haenel a obtenu le Prix Médicis 2017 pour ce roman écrit comme une comédie rocambolesque. Il a dédié son prix à Anne Wiazemsky, membre du Jury de ce prix, décédée au mois d’octobre. Clin d’œil sur cette auteure que j’aime énormément et dont je vous avais parlé lors de son décès.
Le héros de ce roman, Jean Deichel, déjà au centre du « Cercle », paru en 2007 et personnage principal dans les « Renards pâles » en 2013, est probablement le double romanesque de l’auteur. Il le présente ainsi : « En gros, le bilan n’était pas fameux : j’avais quarante-neuf ans, je vivais reclus dans un studio de vingt mètres carrés et passais mes journées à regarder des films en buvant de l’alcool » (il n’en sort que pour promener « Sabbat » le chien de voisin). Il  se prétend fou, du moins possédé . Il a écrit un scénario « The Great Melville », inspiré du Moby Dick écrit par Herman Melville (1819-1891). Jean, persuadé de la valeur cinématographique de son scénario, part sur les traces du seul cinéaste qui, selon lui, sera capable de réaliser l’adaptation de son scénario : ce cinéaste est le célèbre Michael Cimino. Il a une influence « magnétique » sur notre héros. Il est le producteur de « la Porte du Paradis » sorti en 1979, Palme d’or du Festival de Cannes, western américain que certains considèrent comme l’une des sept merveilles du monde cinématographique.
Cette quête va emmener notre héros dans des situations mystérieuses, quelquefois drôles pour cet homme qui vit dans un rêve et une obsession : « c’est un itinéraire spirituel fébrile, ponctué de signes, d’épisodes et de rencontres fantasques ». Apparaissent un cervidé dans la neige blanche, une phrase redondante « l’intérieur mystiquement alvéolé de la tête de Melville» (phrase sortie du livre de H. Melville), une rencontre dans une brasserie avec Isabelle Huppert qui avale de la viande crue « avec une brutalité stupéfiante »,  le sosie d’Emmanuel Macron en maitre d’hôtel…etc. Ce sont des « moments romanesques aussi improbables que burlesques » (Le Monde)
On se laisse dériver avec les aventures extravagantes du héros, on sourit, on rit, on n’essaie plus de comprendre le fil de l’histoire, on accepte ses saouleries  mais on se lasse un peu…Mieux vaut bien connaitre le monde du cinéma pour apprécier le cheminement du héros. C’est un moment de lecture totalement déjanté.
Je vous cite un critique de La Croix : " L’incroyable force polyphonique et contrastée de son livre : puissance et précarité, cocasserie et envoûtement, sauvagerie et douceur, ville tentaculaire mais nature si fraiche, rêverie enlacée"

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