lundi 30 mai 2016

Catherine Poulain : Le grand marin (n°2 Mai 2016)

livre le grand marin 

Catherine Poulain : Le grand marin - Ed. de l'Olivier, 2016 - roman français



Cette histoire extraordinaire que l’on devine autobiographique raconte le destin d’une jeune française, la frêle Lili, qui décide de partir pêcher la morue en Alaska et de passer dix années à Kodiak. On comprend que la baroudeuse-auteur n’en est pas à son premier voyage puisqu’elle fut aussi « modèle aux Beaux-Arts de Singapour, assistante d’un cracheur de feu, barmaid à Hong-Kong, employée d’usine en Islande, ramasseuse de pommes au Canada, peintre sur un chantier naval au Guatemala ». Une sacré voyageuse de 55 ans de nos jours.
Ici donc en Alaska, notre narratrice, ce petit bout de femme que l’équipage surnomme ‘moineau’, «  rejoint la cohorte des  êtres à la dérive, corvéables à merci, mercenaires des mers, qui trainent le long des quais » (La Croix).
La première moitié de ce roman est comme un ouragan. Notre Lili supporte et aime les conditions les plus extrêmes de cette vie sur un bateau de pêche : froid polaire, humidité continuelle, manque de sommeil et de nourriture, brimades et humiliations  de la part des hommes, blessures. MAIS c’est ce qu’elle recherche et elle y trouve la liberté, le moyen de donner un sens à sa vie, en se donnant à fond, en allant au bout de ses forces. Elle trouve « le bonheur de mettre son corps à l’épreuve et en mouvement » (Le Monde). Quelques descriptions du travail à bord sont magnifiques : les poissons à éviscérer en cale dans le sang et la glace par exemple ainsi que les beaux portraits de ces grands marins, tous anciens trappeurs ou bucherons, tous des alcooliques, des costauds comme le « grand marin », Jude, avec qui Lili a une histoire d’amour.
Le roman s’essouffle ensuite : une fois à terre Lili traîne comme tous les marins. L’abus d’alcool, les cigarettes fumées à la file, la nourriture succincte sont le lot de toutes les longues journées. Le tour des bars dont on ne retient pas les noms, le soutien de ses amis marins tous marginaux que l’on a du mal à reconnaître au fil des pages donnent un récit assez confus.
Le tout est quand même d’une belle écriture dans un style « âpre et sec » ainsi qu’est la dureté  de cette aventure. C’est un roman « physique » !!!

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