samedi 20 octobre 2012

Jean-Michel Guenassia : La Vie rêvée d'Ernesto G.


Jean-Michel Guenassia : La Vie rêvée d'Ernesto G. - 2012, Albin Michel - Roman

Prix du Roman Chapitre

De la même veine que le récit romanesque du « Club des incorrigibles optimistes », l’auteur nous raconte en détail la vie épique de Joseph Kaplan.

Le héros de ce livre est un médecin juif tchécoslovaque. Il avait 10 ans à la fin de la Première Guerre Mondiale. Sa mère, qui lui a donné le goût de la musique et le talent de la danse, meurt d’une pneumonie, le père médecin étant absent… Joseph devient ensuite étudiant et chercheur en médecine : il est beau, élégant, charmeur, insouciant, amateur de jolies femmes, de tango et des chansons de l’argentin Carlos Gardel. Il débarque à Paris en 1936 et travaille à l’hôpital Bichat dans le service des maladies infectieuses. Il mène une vie de « patachon » avec une « bande de fêtards, potards et carabins mêlés à des fils de famille reniés pour leur débauche ». Le Front populaire, la guerre d’Espagne, la montée du nazisme, le communisme ne le concernent pas pour le moment.

Il séjourne ensuite 7 ans à Alger, y travaille à l’institut Pasteur, fait des rencontres passionnantes dans « cette ville sublime » mais il va être pris dans la tourmente de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale et, en tant que juif, devra se cacher….Après la guerre, il rentre à Prague en passant par la France.

L’auteur nous fait vivre cette vie en « cinq cents pages tenues, poignantes et vibrantes ». Chaque rencontre nous vaut une description colorée de la personne dans une « prose fluide et musicale », notamment un ancien banquier répondant au nom de Ramon Benitez ou d’Ernesto Guevara («  Un Che en piteux état après sa déroute africaine »).

Réellement un an de la vie du Che reste inconnu et il se pourrait qu’il soit vraiment allé dans un sanatorium au fin fond de la campagne tchèque, comme nous le dit l’auteur de cette fiction….

Le romancier parle de la condition humaine, de la liberté et de l’espoir ainsi que des ruptures, des fuites et des départs qui jalonnent l’existence de son héros pendant l’histoire mouvementée et tumultueuse du XXème siècle.

S’ajoutent à l’histoire de cette vie romanesque, des descriptions magnifiques de la Prague en début et en fin de siècle, le Paris d’entre-deux-guerres, et la splendide Alger la blanche.

On peut se demander pourquoi l’auteur a choisi ce titre car le roman ne se résume absolument pas à la vie d’Ernesto G.

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