lundi 17 septembre 2012

Russell banks : Lointain souvenir de la peau

Russell Banks : Lointain souvenir de la peau - Actes Sud, 2012 - roman étranger.

Russell Banks, auteur américain de 72 ans, a toujours écrit sur le « quart-monde de l’Amérique oubliée ». Lui-même marqué par des tragédies (père dépressif et alcoolique, un frère blessé au Vietnam, un frère disparu) sait parler de la souffrance : « J’ai tendance à ressentir plus de tendresse pour les gens opprimés que pour les puissants » dit-il.

 C’est ainsi qu’il nous raconte le vie d’un délinquant sexuel virtuel « le Kid », en liberté conditionnelle avec un bracelet électronique qui permet aux autorités de le localiser 24h sur 24, ne pouvant quitter le comté de Calusa en Floride et devant « habiter » à plus de 760 mètres d’un lieu fréquenté par des enfants. Seul endroit habitable : sous le viaduc où tous les parias se retrouvent. L’auteur nous fait « une formidable mise en scène des personnages, pris dans un environnement toujours plus sombre et angoissant, jusqu’à en devenir apocalyptique »

L’auteur nous fait un portrait magnifique de cet « exclu », accro de sexe virtuel, toujours vierge ( !) avec pour seul ami Iggy, un iguane. « Le Kid » est un blanc âgé de 20 ans, sans culture, fragile, mais obstiné, malin. L’auteur parvient à le rendre attachant grâce à ses réflexions sur la vie d’une naïveté surprenante et d’un bon sens étonnant.

Le « Professeur » enseignant en sociologie, s’intéresse à lui et à ceux qui habitent sous ce viaduc. Mais pourquoi ? Etude sociale ou veut-il se faire pardonner de mauvaises actions ??? Beaucoup d’échanges et de dialogues puissants entre ces deux personnages si différents mais qui gèrent tous les deux leurs addictions : le Kid sa vie sexuelle par internet et le professeur sa boulimie (il est énorme !!)

Sujet donc très original et déroutant qui met en « scène l’enfer de la déviance et le supplice de l’exclusion » dans un milieu social difficile à connaître et soulève les problèmes américains actuels : l’addiction à Internet (« Il se pourrait bien qu’Internet soit le serpent et que la pornographie soit le fruit défendu ») et les problèmes de nutrition.

 

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