Sorj Chalandon : Profession du père - Grasset, 2015 - roman français
Sorj Chalandon est un journaliste, grand reporter de
guerre qui a sillonné le monde et il est aussi un écrivain reconnu et
récompensé : le prix Médicis pour une Promesse en 2006, Grand Prix de
l'Académie Française pour Retour à Killybegs en 2011, Prix Goncourt des lycéens
pour Le quatrième mur en 2013, ces romans ayant pour toile de fond la guerre.
Mais dans ce livre-ci c'est une guerre familiale qui se joue : l'auteur
dévoile une partie de son enfance qui
fut douloureuse et singulière. Rappelons quand même que c'est un roman…
Il dresse le portrait d'un père « mythomane et
tyrannique » dans les années 1960. Ce père persécute Emile, enfant de 12
ans. Il s'enfonce dans la démence et abuse de la crédulité de cet enfant. Il
aurait fait tous les métiers qu'il invente tous plus délirants les uns que les
autres jusque « agent secret ». C'est si dur pour un enfant de ne pas
connaître la « Profession du père »...Il veut entraîner Emile dans
son délire d'attentat contre le Général de Gaulle, sur fond d'OAS, le pire
étant qu'Emile y croit, fier de savoir que son père était un ami du Général
« son conseiller dans l'ombre », que celui-ci a déçu ce père en
donnant l'indépendance à l'Algérie.
Emile entraîne dans ce projet un camarade de classe, rapatrié d'Algérie,
en lui relatant tous les mensonges et projets du père (partie que j'ai beaucoup
moins apprécié et qui m'a paru exagéré).
Quelle violence psychologique et physique sur cet
enfant, quelle emprise exerce cet homme sur sa femme terrorisée qui excuse ce
père devant l'enfant « Tu connais ton père »..., quelle tristesse
dans les dernières pages. « On se souviendra longtemps de ce fils sans
cesse humilié qui acceptera le pire de son père tant il a besoin d'être aimé de
lui » (Version Fémina)
On peut se demander la part du réel dans ce roman. Ce
n'est pas une biographie mais on peut imaginer que l'auteur a vécu en partie ce
drame tant les sentiments sont bien vus, bouleversants. « L'écriture de
l'auteur sans grandiloquence, simple et accessible, atteint ici un sommet de
puissance » (Match).
Ce roman m'a décontenancé tant les personnages paraissent irréels... Par
contre l'auteur nous écrit de belles pages sur l'emprise, la manipulation, le
chantage d'un être sur un autre.
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