Alain Mabanckou : Petit Piment - Ed du Seuil, 2015 - roman
Alain Mabanckou,
écrivain franco-congolais, écrit aussi bien qu’il parle. Quel plaisir de
l’entendre dans un français impeccable et avec des tons de voix enchantants. Il
a un véritable don de conteur et nous fait ici un roman d’une écriture fluide
et simple, très facile à lire dans lequel il puise largement dans les souvenirs
de son enfance au Congo.
Moïse, le narrateur
nous raconte son existence, de l’enfance jusque l’âge adulte dans le Congo des
années 1960-1970. Ainsi nous découvrons l’histoire de ce pays avec
l’indépendance, la révolution socialiste avec ses problèmes de corruption, de
conflits, de pauvreté.
La première partie se passe dans un orphelinat
à Loango, ancienne capitale du royaume de Loango, à la périphérie de Pointe-Noire
dans le Sud du Congo-Brazzaville. Moïse y est entouré de gens bienveillants tel
que Papa Monpelo, prêtre, Sabine Niangui, infirmière et le vieux gardien de
l’orphelinat. Ces personnes l’aident à supporter la dureté de la vie et la
sévérité du directeur : « Papa Monpelo symbolisait la tolérance,
l’absolution et la rédemption tandis que le directeur de l’orphelinat incarnait
la fourberie et le mépris » écrit-il.
Un jour, le Congo
bascule dans le socialisme et du jour au lendemain, c’est un changement de vie
complet, l’incompréhension et l’endoctrinement pour tous les orphelins. Que
veut dire le mot « révolution » dans la tête d’un enfant ?
Moïse, devenu Petit
Piment, affronte et défie des jumeaux
révoltés et débrouillards. Il finit par s’enfuir avec eux : démarre alors pour lui une vie
d’errance dans les rues de Pointe-Noire « où commence une vie de
rapines ». Par chance, il devient coursier d’une mère maquerelle et est
accueilli dans cette maison close. Sa vie est alors plus facile dans la maison
de « Maman Fiat 500 » ainsi appelée car au Zaïre elle possédait
« une vraie Fiat 500 Blanche » des années 1950. Petit Piment aura avec cette femme des discussions succulentes
tel que « on ne nait pas pute, on le devient »….et des réflexions
pleines de bon sens sur la politique absurde des puissants de ce pays. Malheureusement notre Moïse, si attachant et
émouvant, a la raison qui vacille, tombe dans la folie et atterrit dans « un
établissement pénitentiaire pour les criminels qualifiés
d’irresponsables ». Un petit clin d’œil d’amitié termine ce superbe récit.
Les portraits de Petit
Piment mais aussi de ses amis et ennemis sont écrits dans un langage cocasse,
plein d’humour. « Portraits vivement troussés, rythme alerte, langue
pétillante et inventive » (Télérama).
Ce roman soulève
beaucoup de sujets comme la guerre, l’esclavage, l’exploitation, la corruption,
la violence, la condition des femmes dans ce pays africain.
Superbe roman dans
lequel on « sent » l’atmosphère africaine …
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