Alexandre Seurat : La maladroite- Ed du Rouergue, coll. La Brune, 2015 - roman-témoignage - livre court.
Dès les premières
lignes, nous comprenons le destin tragique de cet « enfant-martyre »,
Diana, fillette de 8 ans, « unique souffre- douleur de la fratrie ».
L’auteur s’est inspirée
du drame de marina Sabatier, une fillette victime de maltraitance et décédée en
2009.
L’auteur ne tombe pas
dans le mélo et il choisit de faire parler tour à tour l’entourage de cette
fillette comme dans un roman choral : la grand-mère, la tante maternelle,
le frère aîné, les trois instituteurs, les directeurs d’école, l’assistante
sociale les médecins scolaires, les gendarmes.
Ils nous expriment leurs remords, leurs sentiments de culpabilité, leur
impuissance, leurs pensées, leurs émotions dans des monologues intérieurs. Tous
ces témoins sont dans l’effroi et se rendent compte qu’ils n’ont pu faire
quelque chose ou qu’ils n’ont pas voulu voir…
Nous assistons aux
premiers signes, aux premières alertes au moment où les parents disent :
« elle est maladroite ». Comment ces parents peuvent-ils mentir avec
une telle force et un tel aplomb.
Quant à cette pauvre
enfant, comment n’avait-elle jamais rien dit de son calvaire ? Par amour,
pour protéger ses parents tortionnaires, par loyauté envers eux …. disent les psychologues. Avait-elle
conscience de ce qui lui arrivait ? Et le grand frère, comment était-il
tenu au silence à l’intérieur de cette cellule familiale ?
« Entre effroi et
malaise, on lit ce roman en apnée, avec la sensation de faire face à une force
venimeuse, contre laquelle on ne peut rien » dit un critique.
Le langage est direct
et familier, caractéristique de ce milieu social et en lisant certains
paragraphes, j’ai beaucoup pensé au témoignage d’Edouard Louis dans son superbe
livre « En finir avec Eddy Bellegueule »…sur un tout autre sujet mais
dans un milieu semblable et donc avec un style tout aussi abrupt.
L’auteur soulève le
problème de l’impuissance, l’inconscience, les négligences et le manque de
coordination des institutions et explique qu’il a écrit ce récit car il
« a conscience d’avoir une certaine responsabilité vis-à-vis de ce
sujet de la maltraitance des enfants »
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