Julie Wolkenstein : Et toujours l'été - 2020, P.O.L. - roman français
Comment faire visiter une maison de famille à notre
époque : l’auteur choisit de nous la faire découvrir par le moyen d’un
« escape game », jeu vidéo d’expression graphique avec des codes, des
enjeux et des règles. Nous allons donc cliquer
et, par enchantement, les portes s’ouvrent et les indices tombent, des
retours en arrière sont possibles : dans ce récit on remonte souvent en
1980, année de tant de souvenirs pour la narratrice-auteur et nous découvrons
les changements de cette demeure familiale entre l’époque actuelle et ces
fameuses années 1980. « Un escape game, ce n’est pas toujours ‘comme la
vie’, écrit-elle. Certaines actions s’y révèlent extraordinairement aisées » :
on remonte le temps rapidement, les problèmes sont résolus, les apparitions de
personnages sont faciles… « Le propos, donc, est d’ausculter cette
maison chargée de souvenirs, pièce après pièce, objet après objet »(Express)
Nous voilà donc dans la vieille maison familiale de la
narratrice à Saint-Pair- sur- Mer dans la Manche et nous allons avoir accès à
toutes les pièces de cette grande demeure de vacances, « de la cave à la
chambre sous les toits en passant par les moindres recoins ». On a tous
connu de telles bâtisses, un peu à l’abandon, habitable que l’été, envahie de
sable, balayée par le vent… Par le biais de ce jeu, on peut s’approprier des
objets, témoin du passé qui sont l’occasion d’évoquer des souvenirs de ceux qui,
au fil des étés, « sont passés, restés, partis ou revenus », plus
particulièrement le père, écrivain connu, journaliste et navigateur hors-pair, l’académicien Bertrand
Poirot-Delpech disparu en 2006, et le « grand demi-frère » mort d’un
accident en 2017 ainsi que cette famille d’intellectuels et d’ados fêtards. On
peut admirer plusieurs fois des tableaux, des meubles, les lits, les papiers
peints mais aussi la table de ping-pong, les meubles de jardin, la cave
transformée en discothèque selon l’âge des cousins s’y retrouvant… « ces
images liées à la lumière de l’été, aux grands déjeuners familiaux, aux airs de
danse, aux retours de fête ».
Récit original et bien ficelé au point qu’on a l’impression
de connaitre cette maison en fermant le livre. Beaucoup de charme et de
sensibilité » (écrit Dominique Bona au sujet de ce roman) « Joli livre
insolite et décalé, où j’ai eu l’impression de me promener comme un chat »…
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