Joyce Maynard : Les règles d'usage - 2016, Ed. Philippe Rey. roman américain.
Dans ce roman
bouleversant, nous allons vivre « la renaissance à soi » d’une
adolescente de Brooklyn après les attentats
des tours du World Trade Center du 11 septembre 2001 à New-York. Wendy,
13ans, y perd sa maman Janet.
Les jours d’attente de
nouvelles sont d’une terrible angoisse pour Wendy, Josh, son beau-père musicien
qui aime Wendy comme sa propre fille et Louie, son demi-frère de 4 ans. Ils
attendent un éventuel coup de fil qui annoncerait la découverte de Janet
vivante puis simplement du corps de celle-ci ou de quelque chose lui ayant
appartenu. « Le New-York d’après la tragédie se révèle vite être un océan
de douleur et de souvenirs ingérables »…
Cette douleur des 3
personnages est décrite avec une pudeur extraordinaire, tout en finesse et en
profondeur. Comment vont-ils survivre et comme ils sont stupéfaits de parvenir
à vivre sans Janet : « On continue à respirer qu’on le veuille
ou non » dit Josh. Il faut bien continuer à vivre alors que désormais
« les règles d’usage ne s’appliquent plus ».
Devant la détresse des
deux êtres qu’elle aime, son beau-père anéanti et son petit-frère mortifié,
Wendy se sent sombrer et réagit en partant vivre chez son père biologique en
Californie. C’est comme par un instinct de survie. Il faut qu’elle s’invente un
nouveau cadre de vie. Elle commence « un travail de deuil ». Elle
rencontre des êtres qui la font réfléchir : son père extrêmement
pudique ; l’amie de son père très fine ; une jeune fille-mère et son
petit bébé ; un libraire, père d’un autiste ; un jeune
skate-boarder » seul dans la vie.
« C’est avec une
douceur infinie et sans céder au pathos que l’auteur dissèque le deuil dans
toutes ses phases, de la période de sidération au lent retour à la vie de ceux
qui restent » (LIRE).
L’expression de cette
résilience est extrêmement forte et infiniment touchante. En nous décrivant des
scènes de vie ordinaire, l’auteur réussit à nous faire comprendre comment Wendy
va surmonter son épreuve en nous faisant suivre sa pensée avec des retours en
arrière et la « résurgence » de moments partagés avec sa mère.
Beaucoup d’autres thèmes sont abordés : les relations mère-fille, les
rapports familiaux et « la complexité des relations dans des familles
recomposées et décomposées » (La Croix), la reconstruction et l’espoir.
Ce livre fut traduit en
français et édité en 2016 bien que paru 13 ans avant aux USA.
Joyce Maynard a écrit des
essais et des romans sur l’adolescence, ses outrances et ses rêves (lire
l’Homme de la montagne paru en 2014). Elle a aussi écrit une très belle
autobiographie sur sa relation avec l’auteur culte américain J.D. Salinger dont
elle fut la compagne dans sa jeunesse pendant
2 ans en 1973, « Et devant moi, le monde » paru en 2011 où
elle expose les conséquences dévastatrices que cette relation a eu sur sa vie
et comment elle a réussi à se reconstruire (comme Wendy peut-être).
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