Laurent Seksik : Romain Gary s'en va-t-en guerre - 2017, Flammarion - roman
Laurent Seksik, médecin
et écrivain, « s’est fait une spécialité de puiser dans le stock infini
des personnes ayant réellement existé pour nous raconter des histoires
passionnantes, tendres, affreuses, gaies ou tragiques » (La croix). Ainsi
j’ai beaucoup aimé deux de ses romans dont j’ai fait des fiches sur ce
blog : « Les derniers jours de Stephan Zweig » et « Le cas
Eduard Einstein » (parus chez Flammarion en 2010 et 2013) : ce sont
des magnifiques romans biographiques (comment les appeler exactement ?)
sur une partie de vie des personnages.
Ici, L’auteur nous
écrit « une nouvelle quête de vérité » sur l’écrivain Romain Gary,
plutôt sur quelques heures de sa vie le 24 Janvier 1925. L’auteur raconte avoir
toujours été subjugué par Romain Gary, ayant lui-même grandi à Nice :
c’était comme son héros : « J’ai l’impression d’avoir vécu dans son
ombre et ayant la même ambition, celle de devenir écrivain »,
dit-il.
Le futur Romain Gary,
nommé Roman, a 11 ans et vit dans le ghetto de la ville de Vilnius (nommé
Wilno), appelé par les juifs « la Jérusalem de Lituanie »
Il habite avec sa mère,
Nina, incarnant l’amour maternel, se dévouant jusqu’au sacrifice pour son fils.
Elle reste très frappée par la mort de son premier fils. Elle est aussi une
mère un peu fantasque, poétique, débrouillarde, rêveuse…
Il voit son père, Arieh
pour des moments furtifs et déstabilisants pour l’enfant (quelques pages émouvantes
de discussion entre les 2 personnages)
car celui-ci a quitté le logis familial pour une autre. L’enfant espère
toujours qu’il va revenir.
On ne peut qu’admirer
comme l’écrivain arrive à se glisser dans ses personnages car les chapitres
sont tour à tour titrés : Nina, Arieh et Roman. L’auteur dit avoir fait
énormément de recherches dans les biographies écrites sur Romain Gary pour
arriver à ce roman où il étudie les liens que le jeune Roman tisse avec sa mère
et avec ce père absent.
« Le charme Seksik
opère » dit la critique Dominique Bona et on se passionne pour ces trois
magnifiques personnages. On peut entrevoir comment Romain Gary écrira plus tard
des « chefs d’œuvre pour rendre grâce à ses parents » et on
comprendra « le génie d’un homme torturé qui voulut inlassablement
réinventer sa vie ».
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