samedi 25 mars 2017

Hubert Haddad : Premières neiges sur Pondichéry (N°3 Mars 2017)


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  Hubert Haddad : Premières neiges sur Pondichéry - 2017, Zulma - Roman

 Le héros de ce petit bijou de littérature est un violoniste âgé, Hochéa, juif rescapé du ghetto de Lodz. Il quitte Jérusalem et va en Inde du Sud à  Chennai pour un festival de musique en passant par Pondichéry puis au Kerala à Kochi (Cochin) où il trouve refuge. (Une carte en fin de livre serait bienvenue).


Nous suivons les tourments intérieurs d’ Hochéa, ce personnage attachant qui cherche en Inde la paix intérieure. : «  A Kochi comme à Jérusalem, l’exil était la solution de l’exil. » Il est accompagné d’une guide Mutuswami qui le vénère et admire sa musique. Chaque chapitre fait découvrir de nouveaux personnages qui hantent le musicien et des lieux extraordinairement bien décrits : on voit, on entend et on sent « la beauté des paysages, le mélange des cultures, la puissance d’un cyclone, la force de la légende ». La musique accompagne tout le livre aussi bien la musique Kleizmer, musique populaire juive d’Europe que le répertoire classique. Les couleurs nous sautent aux yeux, jusqu’à voir le blanc de  la neige de phosphore que notre héros voit tomber sur Pondichéry. Les odeurs nous piquent le nez : « Partout dans la ville, le poivre et la muscade, la r   acine de curcuma, l’écorce de cannelier, la vanille, le gingembre, le cumin des sorciers, la pâte de santal, la cardamome ou le safran des fiançailles répandaient leurs évocations olfactives loin dans la mémoire ». « Des senteurs de lys putréfiés, d’iode et de pétrole montent à lui par bouffées. Un grincement continu de poulies et le tintinnabulement des filins de gréement des voiliers à l’amarre occupent l’essentiel du champ sonore. Les exhortations des colporteurs et les trompes des cyclo-pousse ont modulé leur chahut. Des colonies de pigeons roucoulent à l’abri des corneilles, sous les palmes des lataniers. »
L’histoire elle-même est troublante, difficile à suivre, se dénoue en fin de roman mais je pense qu’il faut se laisser porter par cette si belle écriture évocatrice, si bien que j’ai lu le livre deux fois…
La couverture du livre est très attirante comme toutes celles des éditions Zulma : une réussite.

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