Hubert Haddad : Premières neiges sur Pondichéry - 2017, Zulma - Roman
Le héros de ce petit bijou de littérature est un violoniste âgé, Hochéa, juif rescapé du ghetto de Lodz. Il quitte Jérusalem et va en Inde du Sud à Chennai pour un festival de musique en passant par Pondichéry puis au Kerala à Kochi (Cochin) où il trouve refuge. (Une carte en fin de livre serait bienvenue).
Nous suivons les
tourments intérieurs d’ Hochéa, ce personnage attachant qui cherche en Inde la
paix intérieure. : « A Kochi comme à Jérusalem, l’exil était la
solution de l’exil. » Il est accompagné d’une guide Mutuswami qui le
vénère et admire sa musique. Chaque chapitre fait découvrir de nouveaux
personnages qui hantent le musicien et des lieux extraordinairement bien
décrits : on voit, on entend et on sent « la beauté des paysages, le
mélange des cultures, la puissance d’un cyclone, la force de la légende ».
La musique accompagne tout le livre aussi bien la musique Kleizmer, musique
populaire juive d’Europe que le répertoire classique. Les couleurs nous sautent
aux yeux, jusqu’à voir le blanc de la
neige de phosphore que notre héros voit tomber sur Pondichéry. Les odeurs nous
piquent le nez : « Partout dans la ville, le poivre et la
muscade, la r acine de curcuma, l’écorce
de cannelier, la vanille, le gingembre, le cumin des sorciers, la pâte de
santal, la cardamome ou le safran des fiançailles répandaient leurs évocations
olfactives loin dans la mémoire ». « Des senteurs de lys putréfiés,
d’iode et de pétrole montent à lui par bouffées. Un grincement continu de
poulies et le tintinnabulement des filins de gréement des voiliers à l’amarre
occupent l’essentiel du champ sonore. Les exhortations des colporteurs et les
trompes des cyclo-pousse ont modulé leur chahut. Des colonies de pigeons
roucoulent à l’abri des corneilles, sous les palmes des lataniers. »
L’histoire elle-même
est troublante, difficile à suivre, se dénoue en fin de roman mais je pense
qu’il faut se laisser porter par cette si belle écriture évocatrice, si bien
que j’ai lu le livre deux fois…
La couverture du livre
est très attirante comme toutes celles des éditions Zulma : une réussite.
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