vendredi 28 avril 2017

Magyd Cherfi : Ma part de Gaulois (n°3 avril 2017)



livre ma part de gaulois    Magyd Cherfi : Ma part de Gaulois - 2016, Actes Sud - Récit autobiographique.

 Magyd Cherfi nous enchante par ce roman autobiographique ou autofictif puisqu’il y mélange des faits réels et fictifs. Il est le parolier du groupe Zebda et écrit ses propres chansons et cela se sent dans son écriture évocatrice du langage d’un quartier Nord de Toulouse dans les années 1970 où il passa sa jeunesse qu’il raconte dans ce récit : « Sans angélisme et non sans humour, il raconte ce quartier de Toulouse où il sera le premier fils d’immigré maghrébin à décrocher le bac » (Les Inrock.). Il sera le premier « bac arabe » de la cité.

On se régale avec des chapitres sur sa mère, sur l’esprit de famille, sur les copains, sur le soutien scolaire puis sur ses lectures et la littérature qui lui sauvent la vie : il se fait casser la gueule parce qu’il lit « Une vie » de Maupassant ou on le traite de « tapette » et on l’insulte parce qu’il suit des études. Il ne fait pas bon de passer pour un « intello » dans ce quartier : Magyd et ses inséparables, Samir le militant et Momo l’artiste de la tchatche, en font l’expérience au quotidien.
On aborde énormément de sujets : la difficulté de vivre dans les cités (sujet d’actualité), le rôle des « grands-frères » auprès des filles et des petits, la fierté des mères, la politique avec l’arrivée de Mitterrand au pouvoir, le sentiment de trahison envers les siens que Magyd ressent en s’instruisant, le courage des immigrés qui essaient de s’intégrer avec énergie, humanisme.
Chaque phrase est un petit bijou d’écriture « mélangeant syntaxe précieuse et tournures familières » (Elle), quelque fois un peu difficile à lire : il faut le lire à haute voix.
On sourit beaucoup en lisant ce récit d’autofiction drôle, plein d’autodérision, toutefois un peu long et répétitif en fin de lecture. Il fut un grand succès littéraire (participant à une sélection du Goncourt).
 Il n’en est pas de même dans ce quartier de Toulouse. Un habitant de la cité, ancien ami de l’auteur, évoqué dans ce récit, Miguel, s’estime « sali et outragé » et a déposé plainte pour diffamation…A suivre cette polémique.

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