Jennifer Clément : Prières pour celles qui furent volées - Flammarion, Août 2014 - roman étranger
La première partie de ce roman se passe dans les montagnes de Guerrero au Mexique. Y vit une adolescente de 14 ans, Ladydi, à laquelle on va immédiatement s’attacher car l’histoire est racontée à la première personne et ses sentiments, ses idées paraissent tellement réels et sont si bien décrits que l’on est surpris. On plonge dès les premières lignes dans la vie intime de cette jeune femme. Le village de Ladydi est séparé du pays par une autoroute hideuse « en forme de cicatrice » et vivent là-haut des femmes courageuses, victimes de la barbarie des Hommes. Leurs maris sont partis tenter leur chance aux Etats-Unis et elles sont définitivement abandonnées ou attendent le retour du mari comme la maman de Ladydi…Les femmes élèvent donc seules leur famille, surtout leurs filles qui doivent se cacher pour ne pas être volées par les trafiquants de drogue qui déboulent en 4x4. Ladydi raconte donc son enfance déguisée en garçon, le départ de son père, le vol d’une de ses meilleurs amies, sa mère devenue alcoolique, ses conditions de vie désastreuses mais elle nous montre un tel courage, une telle envie de s’en sortir, une telle volonté de ne pas se laisser abattre que j’ai été subjuguée, d’autant que ce coin de pays et les conditions de vie de ces femmes m’étaient totalement inconnus.
Dans la troisième partie, Ladydi est en prison à cause d’une sombre
histoire de meurtre commis par un ami qui l’emmène pour un travail à Acapulco (racontée dans une courte deuxième
partie). Nous découvrons alors l’univers carcéral incroyable de tristesse mais
magnifique de solidarité entre les femmes de tout milieu et de tout genre.
Ladydi nous raconte ses
deux mondes avec humour et malice et c’est l’écriture de ce roman qui m’a
beaucoup plu : la description des paysages désolés dans la montagne,
l’environnement lugubre, les portraits réalistes et sans concession de toutes
ses femmes, toutes magnifiques dans leur genre, courageuses à l’extrême,
l’ambiance de la prison, la description des cellules. Cette écriture est
visuelle, auditive, olfactive. L’atmosphère est si réaliste que l’on ne peut
être que bouleversé.
Le seul petit bémol est
que le premier et le troisième chapitre se passent dans deux mondes totalement
différents et pourraient faire deux nouvelles séparées, le seul lien étant
notre héroïne.
Livre bouleversant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire