Alice Ferney : Le règne du vivant - Actes Sud, 2014 - roman français
Alice Ferney publie souvent des romans à base psychologique et sociologique sur le couple, la famille, les relations humaines mais elle aime aussi nous surprendre avec des thèmes tout à fait différents comme avec « Dans la guerre » sur un soldat et son chien pendant la guerre 1914-18 et « Passé sous silence » sur l’essai d’attentat sur de Gaulle au Petit Clamart en Août 1962.
Ici elle nous étonne en écrivant un
roman militant, posant la question du devenir de notre terre et s’engageant à
fond dans une démarche écologique.
Un journaliste
norvégien est le narrateur de cette histoire : il s’embarque sur le bateau
de l’Association Gaïa avec le fondateur de ce mouvement pour filmer et prouver
la pêche illégale en zone protégée de l’Arctique aux mers du sud, de l’Antarctique à l’Alaska. Il découvre une « guerre
moderne » avec des enjeux énormes : commerciaux pour les uns,
écologiques pour les autres…Il y a des moments forts et impressionnants.
Deux grands moments de descriptions
exceptionnelles entre autres :
-
La course contre la montre pour
protéger, préserver le monde marin et stopper le pillage des mers par tous les
moyens. Le chef de l’expédition, considéré « comme un preux » par
tous les volontaires embarqués, va loin : « Rien n’endort ni sa
colère, ni sa volonté. Il m’a fait découvrir la lutte » écrit l’un des
marins. L’équipage a une admiration sans limites pour ce chef qui, en plus
d’une volonté sans failles, est
« une bête de scène », champion de la communication.
-
Alice Ferney a vraiment un don pour
nous faire découvrir la beauté du monde marin avec une écriture magnifique. Par
exemple, la description « auditive » des cris des
baleines : « J’écoutais ces modulations inattendues. Des petits
cris aigus de bébé, des piaillements, des brames rauques, des grésillements que
s’entêtent, des grincements de portes, de grands souffles comme celui des
chevaux, des beuglements, des barrissements marins, de petits rots, des
gloussements, des couinements, des trilles, des bruits de pets, de ballons
dégonflés….. » Quelle merveille !!!
Alice Ferney, par la
voix de son journaliste, s’engage à fond
en posant mille questions sur la « force et la valeur de
l’engagement ». Elle exprime « avec vigueur et enthousiasme cette
lutte farouche pour la survie des espèces et leur vulnérabilité » (dans
LIRE).
J’avais eu la chance de
passer une journée avec Alice Ferney en Mars 2011 et avais apprécié sa
simplicité pour nous expliquer son rapport à l’écriture : « La vie
passe, le livre reste : le livre est une création, une fabrication
artisanale, un ouvrage d’art. » Elle le prouve bien dans ce roman et on
imagine les nombreuses recherches qu’elle a dû faire pour réussir à écrire ce
plaidoyer.
Je suis sortie
enthousiaste de la lecture de ce roman engagé qui montre notre responsabilité
dans la sauvegarde des océans et du « règne du vivant » et la
nécessité de préserver la terre des dangers auxquelles l’activité humaine
l’expose. Ce roman ne peut laisser personne indifférent.
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