Vanessa Springora : Le Consentement - 2020, Grasset - témoignage
Cette auteure est devenue éditrice et, de ce fait, se décide
après 30 ans, de témoigner sur ce qu’elle a vécu à la fin des années 1980 en
écrivant le récit de ses « souvenirs d’adolescente » : entre 13
et 16 ans « elle tombe dans le piège du plus retors des pédophiles
notoires de la Capitale, l’écrivain Gabriel Matzneff » (Lire) qui a 50 ans
à l’époque.
Ce récit, d’une belle écriture, comporte six chapitres :
l’enfant, la proie, l’emprise, la déprise, l’empreinte, Ecrire » : on
suit bien le parcours…
Cette jeune fille a un père absent, une mère permissive et
immature qui appartient à la génération de mai 68 où il est « interdit
d’interdire ». A 14 ans, c’est une jeune adolescente précoce tant
intellectuellement que physiquement en manque d’amour parental. Elle
« tombe » donc follement amoureuse de cet homme, si heureuse que
quelqu’un s’occupe d’elle. Personne ne s’oppose à leur liaison, la majorité
sexuelle est pourtant fixée à 15 ans. Leur grand amour n’est pas discret.
« Personne n’expliquera à l’adolescente qu’on ne découvre pas l’amour et
le sexe avec un homme de 50 ans qui sodomise des petits garçons à Manille
pendant les vacances » (Lire). Mais aurait-elle écouté ? Cet homme
exerce sur elle une telle emprise qu’elle ne se rend pas compte et que le
« consentement » de tout le monde la conforte dans sa position.
Un an plus tard, elle découvre que ce grand amour est un leurre
et que son amant se sert de leur histoire pour écrire des livres…qui ont du
succès. Quelle époque !!! Comment cet homme a toujours réussi à échapper à
la justice : il devait avoir le bras long… Vanessa essaie de le quitter
mais il continue à la poursuivre : elle est alors seule, détruite, déscolarisée,
suit des thérapies et se reconstruit lentement…
Contrairement aux dires de l’auteure, je trouve que ce livre
est une belle vengeance contre cet homme. Elle dit que l’écriture fut une
thérapie pour elle et, il est vrai, « son témoignage est honnête, digne et
remarquablement écrit » mais il est dérangeant et pose questions sur le
« consentement ». L’auteur dit : « Ce n’est pas un ouvrage
de délation, mais une œuvre littéraire qui n’est pas dans le registre du
témoignage » mais elle accuse quand même….puis elle dit « J’aimerais
que ce livre serve de mise en garde, peut-être pour des adolescentes ( ?)
pour qu’elles sachent que le grand méchant loup, ça existe ». En effet
c’est le seul intérêt du récit à l’époque de l’affaire Weinstein, la vague
#Metoo, les déclarations de Adèle Haenel etc…
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