Delphine Minoui : Les passeurs de livres de Daraya (une bibliothèque secrète en Syrie) - 2017, Ed du Seuil, Points - témoignage.
Cette journaliste a reçu pour ce document le Grand Prix des
Lectrices de Elle en 2018, bien que la parution de ce livre remonte en 2017. En passant à la
Grande Librairie le 22 septembre 2017, elle fut très écoutée et
particulièrement félicitée par Erik Orsenna qui lui a dit qu’elle méritait
pleinement le Prix Albert Londres qu’elle avait reçu en 2006 comme étant le
meilleur « Grands Reporters » francophone grâce à ses articles sur
l’Irak, le Liban, le Yemen, la Lybie et la Syrie. Elle est grand reporter au
Figaro, correspondante de Presse à Istanbul, spécialiste du Moyen Orient.
Dans ce document, elle explique comment elle a réussi à
entrer en relation avec des jeunes syriens et mails après mails, messages après
messages, nous apprenons la vie de ces jeunes gens.
« Bachar al-Assad s’était juré de les enfermer vivants,
d’ensevelir la ville et leurs espoirs. Daraya, un des berceaux du printemps
syriens de 2011, à 7 km de Damas, est devenu un tombeau à ciel ouvert. Mais
sous les bombes, les derniers insoumis assiégés ont bâti une forteresse de
papier pour résister : pendant quatre années de blocus, Ahmad, Shadi,
Hussam ou Omar ont exhumés des milliers d’ouvrages ensevelis sous les décombres
de la ville et les ont rassemblés dans une bibliothèque secrète, calfeutrée
dans un sous-sol. Au cœur du chaos, un refuge où la parole circule, contre les
atrocités, l’absurde, l’oubli…. »
C’est un hommage à la lecture que nous lisons page après
page : La lecture de certains de
ces ouvrages récupérés a sauvé ces jeunes syriens qui ont découvert des philosophes arabes, livres interdits sous
Bachar al-Assad, des livres de psychologie, des livres d’histoire. Ce
développement personnel les a maintenus en vie et on peut constater la
puissance de la lecture dans ce pays en guerre.
Quelques passages des messages écrits par les jeunes
syriens : « Si les livres ne peuvent soigner les plaies, ils ont le
pouvoir d’apaiser les blessures de la tête. En fait, le simple acte de lire est
d’un immense réconfort » « Le livre ne domine pas. Il donne. Il ne
castre pas. Il épanouit ». Ils aiment « les livres où il est question
d’épanouissement personnel, de quête de soi, de construction d’une identité
propre et solide. » « La lecture m’aide à penser positivement, à
chasser les idées négatives » « Dans l’enclave syrienne, la lecture est
aussi un acte de transgression. C’est l’affirmation d’une liberté dont ils ont
longtemps été privés. » « J’ai l’impression de ressortir grandi de
cette tragédie. Jamais je ne me suis senti aussi libre, porteur d’une mémoire
que personne ne pourra m’arracher".Magnifique témoignage.
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