Sylvain Tesson :
La panthère des neige - Gallimard, 2019 - récit : Prix Renaudot 2019
La presse a beaucoup
parlé de la chute de l’écrivain Sylvain Tesson du toit d’un immeuble de
Chamonix lors d’une soirée bien arrosée : cela lui a valu « quatre
mois ferme, sans remise de peine » dit-il, à l’hôpital de la
Pitié-Salpêtrière et cela l’a fait beaucoup réfléchir, cogiter et changer
d’optique de vie ce qu’il a expliqué dans son beau livre « Sur les chemins
noirs » lors de sa traversée de la France
à pied en guise de rééducation physique.
Avec « La panthère
des neiges », il vient de recevoir le Prix Renaudot et ce livre obtient un
énorme succès.
Ici le voilà parti au
Tibet avec le photographe Vincent Munier qui lui avait « parlé de
l’insaisissabilité des bêtes et de cette vertu suprême : la
patience ». On va voir comment les quatre aventuriers ont fait preuve de
cette patience. Car ils sont quatre : ce sont joints à eux la fiancée de
Vincent, Marie, « la fille au corps souple, cinéaste animalière, éprise de
vie sauvage et de sport rapide » et Léo, ayant interrompu « sa thèse
de philosophie pour devenir aide de camp de Munier ».
Leur objectif :
voir la panthère des neiges. Mais avant l’apparition, nous observerons avec
eux, dans la première moitié du récit, beaucoup d’autres animaux admirablement
bien décrits par l’auteur : des yacks (« qui ponctuaient les versants de leurs grosses bourres de laine
noire »), des ânes sauvages (les Kiangs ou Hémiones), des renards, des
loups (« les trois loups traçaient, fiers, souverains, impunis,
irréfutables »), des antilopes, des gazelles, des Pikas, (nom des chiens
de prairie tibétains), des chèvres bleues,
des aigles royaux, des gypaètes, des faucons, des vautours… le tout au
milieu de paysages extraordinaires à 4000m d’altitude ou plus et par moins 30
degrés ou plus. Chaque lieu de bivouac est différent : les tentes, une
bergerie ou « trois baraques de torchis grandes comme des cabanons de
plages »…
Impossible de raconter
les « apparitions » : il FAUT les lire. L’auteur décrit LA panthère d’après une
photographie que Vincent lui montre avant de partir : « La bête
mariait la puissance et la grâce. Les reflets électrisaient son pelage, ses
pattes s’élargissaient en soucoupe, la queue surdimensionnée servait de
balancier ».
Comme à son habitude,
l’auteur ponctue son récit de considérations artistiques, littéraires,
philosophiques avec les références et confirme son « art du portait serré,
de la formule qui claque, de la chute
sans appel ».
Un excellent moment de lecture pour tout âge et une bonne
idée de cadeau de Noël…
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