Thomas B. Reverdy : Il était une ville - Flammarion, 2015 - roman français
Un article
« Welcome in Détroit » m’a interpellée : des journalistes sont
allés à Détroit, l’ancienne Motor City, capitale de la voiture, l’une des
emblèmes de « l’american way of life » pour constater l’effondrement
de cette ville frappée par la crise en 2008 et mise en faillite en 2013.
« Le temps de la voiture reine est loin ». Il est écrit dans cet
article : « La ville abrite encore de belles braises que nous sommes
allés dénicher et, note d’espoir, pour ces ruines, le temps des artistes
et des créatifs est venu : on achète des maisons à très bas prix, on les
retape de ses propres mains » : espoir donc de renaissance de cette
ville, ce qui fait plaisir. Cet article m’a donné l’envie de lire le roman de
T. B. Reverdy qui se passe à Détroit.
La ville de Détroit est
donc le héros de ce livre. Les habitants qui le peuvent ont fui cette cité sans
avenir : rues et quartiers pétrifiés, maisons abandonnées, fenêtres
condamnées par des planches, immeubles squattés. L’auteur y fait vivre quatre
personnages principaux : Eugène, jeune ingénieur français qui travaille
pour « l’Entreprise », venu ici mettre en place un projet innovant et
se rend vite compte de l’imposture ; un groupe de gamins désœuvrés sous
l’emprise d’un plus âgé, Stro, qui fait du sale boulot pour un caïd local.
Charlie fait partie de cette bande et cet adolescent fugueur est très bien
décrit ; la grand-mère de Charlie, la vieille et pieuse Georgia, qui préviendra
la Police de la disparition de son petit-fils : magnifique grand-mère… ;
un inspecteur de police Brown qui essaie de faire régner un peu d’ordre dans
cette jungle urbaine et qui est chargé de l’enquête sur la disparition
mystérieuse des enfants et ados.
Tous ces personnages
sont merveilleusement décrits « avec une magistrale richesse de
vocabulaire et d’images » (BPT) « dans une prose charnelle,
infiniment pudique et sensible ». Le Monde dit : « La désolation est
racontée avec délicatesse et sans esbroufe ».
C’est une sorte de thriller psychologique bien
ficelé, envoûtant et inquiétant dans une ambiance d’ « apocalypse
lente » avec des personnages bien caricaturés. Télérama
écrit : « Reverdy exprime de manière troublante la poésie
mélancolique de ce monde à l’envers où flottent malgré tout des étoiles ».
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