Celeste Albaret : Monsieur Proust, souvenirs recueillis par Georges Belmont- Robert Laffont, 2001 et 1973 et en genre poche en mars 2014 - Biographie
Céleste Albaret décide
à 82 ans de rendre hommage à son idole en partie pour que la vérité soit dite
parce que « trop de choses fausses ont été écrites par des gens qui ne
l’ont connu que par ses livres » dit-elle.
Céleste épouse, en 1913, Odilon Albaret,
chauffeur de taxi auquel Marcel Proust fait souvent appel. Elle devient la
gouvernante de l’écrivain, de cette année-là jusque sa mort en 1922. Cette
femme a voué pendant 9 ans une véritable « vénération » envers Marcel
Proust et évidemment les souvenirs, les dialogues ne sont surement pas objectifs. Quand Céleste le rencontre, le
mondain, le dandy exténué, vivant la nuit est devenu un « reclus »
d’un caractère difficile, malade, ayant une haute opinion de lui-même.
L’appartement du Boulevard Haussmann est un petit monde fermé. Marcel Proust
vit dans sa chambre et écrit sur ses genoux dans son lit jusque l’épuisement.
La « chère
Céleste » idolâtre son patron et se plie à toutes ses fantaisies et le
défend « becs et ongles ». Elle le sert avec une attention et une
gentillesse infinies. Elle excuse tous les travers et toutes les obsessions de
son tyran : horaires décalés : « Quand il rentrait, on aurait
dit toute la gaieté du jour qui se levait », lubies vestimentaires (ses
tricots), manies alimentaires (le café !!), ses exigences (ses boules
d’eau chaude donc ses bouillotes). Son dévouement est sans faille : jour
et nuit. De gouvernante, elle devient la confidente, l’amie, le naturel et la
fraicheur de cette jeune femme ayant séduit l’écrivain. S’instaure entre les
deux personnages une intimité incroyable, faite de discussions, de commentaires
sur les visites, sur les amis, sur les relations, sur l’avancement du travail
de Monsieur Proust. Elle participe à la mise en forme de l’œuvre en prenant des
notes et en mettant des bandes de papier collées pour rajouter les corrections.
Marcel Proust lui conseille de lire, ce qu’elle fait avec obéissance. Il lui
explique la politique en lui lisant les journaux, « pour votre
éducation » lui dit-il. Plus tard, elle soigne ce grand malade avec
patience et une bienveillance sans limites.
J’ai beaucoup aimé
cette confession un peu naïve et candide mais qui décrit un tel dévouement. Cette
« chère Céleste » est une femme d’une grande intelligente avec un
cœur simple, qui nous livre un passage de sa vie avec beaucoup de sincérité. Elle
nous montre plusieurs facettes de l’écrivain : excentrique et genre tyran,
courageux jusqu’à l’épuisement, bon et affectueux avec sa chère Céleste. C’est
un beau témoignage émouvant qui vient du
coeur.
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