J.M.G. Le Clézio : Tempête - Deux novellas - 2014, Gallimard - roman français.
Ce livre contient deux
« Novellas » : « Tempête », qui donne le titre au
roman et « Une femme sans identité ». Novella est un terme utilisé
par les Anglais, selon l’auteur, pour définir « une longue nouvelle qui
unit les lieux, l’action et le ton » : cela nous donne deux textes,
deux petits « bijoux » d’écriture concise, simple, poétique que « l’on
déguste avec le tendresse respectueuse que l’on doit aux petites filles
malheureuses » nous dit B. Frappat dans la Croix. En effet les deux
héroïnes sont des jeunes filles d’aujourd’hui « malheureuses ».
Dans
« Tempête », June est une gamine, « pré-ado » de 13 ans,
métisse, fille de ces « femmes de la mer », pêcheuses à mains nues,
vivant sur une île rocailleuse de la mer du Japon, l’île d’Udo. Solitaire et
sauvage, cette fillette rencontre un ancien photographe américain, curieux
personnage (il me fait penser à l’auteur…). Il est triste, peu bavard. Par les
dialogues qu’ils ont tous les deux, on apprend qu’il est déjà venu sur l’île
avec sa maîtresse qui s’est perdue à jamais dans la mer, son corps demeurant
introuvable. De plus, il a un remords lancinant : il a été témoin, et de
ce fait complice, visuel d’un viol collectif pendant la guerre du Vietnam et a fait de la prison. Ces deux êtres si
différents par leur âge et par leur vie, vont se lier d’une amitié touchante et
fragile, se racontant leurs rêves, leurs histoires avec tendresse, toujours
devant la mer, lieu unique de ce roman, la mer où l’on pêche, la mer que l’on
regarde matin, midi et soir, la mer qui subit des tempêtes, la mer qui prend
des vies, la mer qui tend les bras à June et qui fascine nos deux héros.
Magnifique description de cette mer…
La seconde
« novella » a pour héroïne la petite Rachel, fille née d’un viol,
adoptée par un couple de riches colons installés au Ghana. Revenue en France, la
famille éclate et Rachel n’aura de cesse de retrouver son pays, son « paradis
perdu », son identité. En France, au Kremlin-Bicêtre, elle doit faire face
à l’abandon de sa famille adoptive, à la dégringolade sociale, à l’errance….
Ces deux jeunes filles
sont en quête de leur identité, sujet qu’aime cet auteur. Les deux histoires
pourraient paraître banales (comme disent certains critiques) mais elles sont
si bien écrites qu’on ne peut les lâcher, on les lit d’une traite, un vrai
moment de plaisir et de détente.
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