Patrick Deville : Peste et choléra - Seuil, 2012 - roman : prix du Roman FNAC et prix Fémina.
COUP de COEUR
Au prime abord, ce
livre ne m’intéressait pas car les scientifiques et les médecins sont un monde
à part et pas tout à fait mon univers. Mais c’est le prix Roman Fnac et le prix
Fémina donc il doit s’y passer quelque chose….Quel étonnement dès les premières
pages. Le style d’abord : phrases courtes, quelquefois sans verbe,
vocabulaire complexe mais quelle vivacité, quelle énergie. Ensuite le
sujet : je me suis laissée embarquer dans la vie tumultueuse et originale
d’Alexandre Yersin (1863-1943), ce jeune bactériologiste franco-suisse formé à
Berlin puis à Paris par Pasteur lui-même. « Un jeune homme calme et
déterminé au regard clair et bleu, à la barbe noire bien taillée » nous
écrit l’auteur.
Yersin découvre le bacille de la peste
« Versinia pestis ». Pasteur dira cette belle phrase : «
Dans les champs de l’observation, le hasard ne favorise que les esprits
préparés ». Yersin a cet esprit intelligent exceptionnel mais il refuse
de se laisser enfermer dans la « bande à Pasteur » et va vivre une
vie de globe-trotteur.
C’est « l’aventurier idéal »,
toujours actif, infatigable, énergique, un peu dispersé peut-être mais on est
pris sous le charme de ce scientifique qui sera explorateur, ethnologue, colon,
industriel, botaniste, astronome. Envoyé en Indochine par Pasteur, il y reste
toute sa vie et ira de découvertes en découvertes, d’inventions en
inventions : il trace des routes, plante des hévéas, cultive la quinquina,
invente le Koka, fait venir de France la première voiture (une Serpollet 5-CV),
le premier réfrigérateur, les premiers appareils d’astronomie…et bien d’autres
choses encore.
Nous sommes plongés
dans le monde des époques pendant lesquelles il vit avec des descriptions passionnantes :
à Morges en Suisse où il est né et où vit sa mère et sa sœur, au Zur Sonne à
Marburg, au Lutétia à Paris, au Royal à Phnom Penh, au Majestic à SaÏgon, au
Lang Bian Palace à Dalat, puis dans son lieu de retraite à Nha Trang en
Indochine.
Patrick Delville aime
particulièrement se faire interviewer au « Lutetia », hôtel de
prédilection de Yersin et raconte qu’il a réussi à décortiquer la vie de son
héros en ayant accès aux lettres qu’il écrivait à sa mère puis à sa sœur
(archivées et ressorties récemment à l’Institut Pasteur) et en se documentant
sur cette fin de XIXème et début du XXème siècle d’une façon passionnante avec
les lectures de presse d’époque et le dépouillement de documents.
Vous avez bien compris
que ce livre m’a passionnée.
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