Jean Echenoz : 14 - Les éditions de Minuit, 2012 - roman court
Dans ce roman, Echenoz
met en scène cinq jeunes issus du même village mais de conditions sociales
différentes même opposées. Ils partent au front en « 14 » embarqués
au sein du 93ème Régiment d’Infanterie. L’auteur nous raconte donc
la première année du combat de la Grande Guerre. Une jeune femme attend le
retour de deux d’entre eux : deux frères : l’un qui est son fiancé,
Charles, d’emblée assez antipathique, l’autre, Anthime, qui lui plait….Les deux
lui écrivent mais un seul rentrera vivant.
Le lecteur est plongé
dans l’horreur de la guerre : les tranchées, les gaz, les obus, les corps
déchiquetés, la souffrance, la mort mais aussi dans les éléments concrets et
inconnus : la « cervelière » ou le maniement de la baïonnette
avec force détails… « Les Hommes n’ont plus aucun libre arbitre, dans
un abominable étau. Les personnages sont « agis » plutôt
qu’acteurs » a dit Echenoz à la Grande Librairie en voulant nous montrer
l’absurdité de cette guerre.
C’est grâce au style
que ce livre est beau, sobre et juste : phrases courtes, ciselées et
précises, ton subtil et malicieux, discours indirect, commentaires toujours
« remarquables de soudaineté, d’incongruité et d’irréfutabilité ».
Echenoz reste très aimé
et garde SES lecteurs. Il parait si sympathique avec son sourire timide et son
humilité. On se rappelle du Goncourt 1999 qu’il avait obtenu avec « Je
m’en vais » (comment tout quitter pour une aventure palpitante au Pôle
nord à la recherche d’un trésor ??). C’est pourquoi il faut lire ce court
roman sur les horreurs de cette première année de guerre vue par les
combattants ce qui est rare.