jeudi 15 septembre 2022

Amélie Nothomb : Le livre des soeurs (N°2 - sept 2022)

Le Livre des soeurs

 Amélie Nothomb : Le livre des soeurs - Albin Michel, 2022 - roman

 

C’est la trentième rentrée littéraire de cette auteure hors-norme. Son premier roman « Hygiène de l’assassin » est paru en 1992 et Amélie Nothomb a été récompensée l’année dernière recevant le Prix Renaudot 2021 pour « Premier Sang » qui évoquait la vie de son père. Quant à moi, c’est le livre « Soif » qui m’a le plus marquée (quel culot de se mettre à la place de Jésus).

Ici Amélie Nothomb met en scène deux sœurs : « un astre éblouissant, l’enfant Tristane suivie de l’ébouriffante Laetitia » (note de l’éditeur). Elles s’aimeront passionnément, une relation fusionnelle les liant à jamais. (On sait qu’Amélie Nothomb a une sœur et s’est inspirée de l’expérience de cette sororité)

Tous les autres personnages de ce récit sont étranges et hors du commun : le père et la mère, Florent et Nora, unis d’une passion dévorante jusqu’à délaisser leurs filles, une tante Bobette loufoque et déjantée, une cousine Cosette anorexique, des jeunes musiciens atypiques, des amants, des professeurs, un psychologue : « une véritable comédie humaine en terre de Flandres (note de l’éditeur).

 Tous ces différents personnages permettent à l’auteure d’aborder en peu de lignes des sujets et des situations très variés, sur lesquels elle écrit des « phrases - choc » : Tristane découvre les mots et la lecture avant de parler, son arrivée à la crèche, son entrée en CP, son amour à la découverte de sa sœur Laetitia à la naissance, sa façon d’être cataloguée comme « une petite fille terne », l’apprentissage sexuel des deux sœurs avec leur cousine, l’arrivée de la puberté aidée par la lecture de Colette (Le blé en herbe), la création d’un groupe musical par Laetitia ce qui  donne à l’auteure l’occasion d’évoquer la musique « rock métal » (de Led Zeppelin, entre autre, dont  elle est fan),  l’anorexie de sa cousine et cette scène surréaliste du « frigo », sa découverte de l’indépendance lorsqu’elle est étudiante, son initiation à la littérature , la correspondance des deux sœurs (en 1991, il n’y avait pas de portable…)

On sourit et rit souvent en lisant les bons mots humoristiques d’Amélie Nothomb, en se plongeant dans cette ambiance inquiétante qu’elle a le don de créer et le suspense qui donne envie d’aller au bout de la lecture : tout est dit en peu de pages dans un style épuré :  quel beau travail d’écriture !

 

 

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