lundi 28 février 2022

Michel Bernard : Les Bourgeois de Calais (N°3 - fev 22)

Les Bourgeois de Calais

 Michel Bernard : les Bourgeois de Calais - La table Ronde, 2021 - roman

 

Michel Bernard se passionne depuis 20 ans pour l’histoire et « les grandes figures de notre patrimoine (Ravel, Monet, Jeanne d’Arc…) ». Il est énarque, fut sous-préfet et passe son temps libre à l’écriture.

Ici il donne une vision personnelle sur une grande figure du XIXème siècle : le sculpteur Auguste Rodin. Pour cela il nous narre la rencontre du sculpteur avec le Maire de la ville de Calais en 1884, Omer Dewavrin, qui réussit à imposer cet artiste pour réaliser un monument « en hommage à six figures légendaires du Moyen âge » : ce sont six habitants de villages autour de Calais qui « se rendirent au roi d’Angleterre pour sauver l’honneur de Calais ». Une amitié sincère liera les deux hommes qui « veulent laisser un chef d’œuvre à la postérité ».

La belle écriture, simple, « sobre et limpide » rend ce récit très agréable à lire. Il est inspiré de la correspondance entre Auguste Rodin et le couple Dewavrin dont quelques lettres sont proposées en fin du livre. Non seulement l’auteur fait le portrait du sculpteur de génie qu’est Rodin avec ses façons de faire et refaire son œuvre, de l’abandonner, de la recommencer en petit modèle, en partie, en grand modèle, en marbre, en bronze, pour faire « ce chef d’œuvre qui révolutionna la sculpture », mais aussi il évoque la vie à la fin du XIXème siècle à Calais (les repas, la vie de famille, l’activité des calaisiens) et à Paris (l’atelier de Rodin avec ses apprentis dont Camille Claudel « au visage fermé et au regard outremer » et les habitudes du sculpteur dans cette ville puis dans sa villa de Meudon).

L’inauguration du monument en 1895 sera un grand événement pour les Calaisiens : « La population s’était massée pour voir enfin le représentant du gouvernement inaugurer ce monument « des Bourgeois de Calais » dont on parlait depuis dix ans » car il aura fallu dix ans au Maire, aidée de sa femme Léontine, pour concrétiser cette action. Pour Omer Dewavrin « le monument restait, après sa famille, la grande affaire de sa vie ». Il aura dû lutter contre « l’académisme ambiant », contre les querelles politiques et esthétiques, les crises économiques (il faut trouver les fonds pour payer Rodin) et même contre une épidémie de choléra…

Magnifique roman-récit qui raconte la complicité de deux hommes et la naissance de la sculpture des « Bourgeois de Calais », toujours visible devant l’Hôtel de Ville de Calais.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire