Adrien Goetz : Villa Kérylos - 2017, Grasset et 2020, livre de poche - roman
D’emblée, il faut dire que ceux qui ont déjà visité cette fabuleuse Villa auront un grand plaisir à lire ce livre, les autres doivent se dépêcher dès que possible d’aller la visiter…
La Villa Kérylos est une des plus belles et des plus originales villas de la côte d’Azur, située à Beaulieu-sur-Mer près de Nice, surplombant la pointe de la Baie des Fourmies. Cette maison grecque est une sorte « d’idéal de beauté antique » imaginée au début du vingtième siècle par Théodore Reinach, archéologue et député français d’une érudition exceptionnelle et le célèbre architecte Pontremoli : justesse de proportion, beauté des matériaux, fresques, patios, vases grecs dans les niches, sculptures antiques, orientation vers la mer, colonnes doriques ou ioniennes : « La Grèce de Kérylos n’était pas une mascarade, c’était une tentative pour retrouver la beauté pure »
L’auteur, « pétri de connaissances artistiques et littéraires a fait de cette maison bizarre et merveilleuse un roman d’amour plein de fantaisie et de charme » écrit Dominique Bona.
Le héros de ce roman, Achille, est totalement fictif : il est le fils de la cuisinière de Monsieur Gustave Eiffel qui habite à côté de cette fameuse villa dans une maison non moins réputée à l’époque. Devenu peintre cubiste, Achille revient au moment de la retraite dans cette villa, abandonnée à l’époque, pour essayer de retrouver un trésor perdu ramené de Crète qui, il espère, aura échappé au pillage de la maison par les Nazis. C’est assis devant la mer dans le jardin ou dans la maison qu’il écrit ses souvenirs. « Pièce après pièce, il va à la découverte de son passé ». « Chaque salon exprime la quintessence de l’art de vivre » (Elle déco).
Très jeune, pris sous l’aile du maitre des lieux de Kérylos, il en devient une sorte de valet de pied, chance incroyable pour cet enfant venant d’un milieu modeste, corse d’origine grec. Il vécut sa jeunesse dans cette demeure, étant le copain du fils de M. Joseph Reinach, Adolphe. Il suivit les travaux de construction de cette maison hors normes, y reçut une éducation grecque (on parlait naturellement le grec ancien dans cette famille), une formation littéraire et artistique. Il profita de ce lieu magique, du jardin pour les jeux, de la mer pour la natation.
Il se souvient y voir passer les trois frères Reinach et leurs familles mais aussi les familles Eiffel, Ephrussi, Rothschild en tenue de soirée ou en maillot de bain au son d’une musique de Fauré ou de Ravel ou au bruit des vagues de la Méditerranée.
Il se rappelle la croisière en Grèce qu’il a faite avec le propriétaire de la maison et son fils en 1904, les visites de la Crète, de Chypre, puis en 1914 du Mont Athos, voyages culturels mais aussi farfelus : « J’aimais à fond ce mélange de sérieux et de folie, cette manière de s’enthousiasmer, sans retenue, pour leurs projets insensés ». Puis il dit : « En changeant de monde, de vie, de milieu, en voyageant et en faisant la guerre, j’ai mûri vite». Il partira à la guerre en même temps qu’Adolphe qui n’en reviendra pas. En rentrant, il y vivra une relation amoureuse romantique avec Ariane, « son si cher amour ».
Très belle évocation de cette magnifique demeure à travers ce roman. L’auteur nous fait aimer ce lieu magique tout en nous cultivant sur l’histoire de la Grèce antique et l’histoire des grands noms et des grands événements du début du 20éme siècle.
La Villa devient en 1967 propriété de l’Institut de France et est ouverte à la visite. Depuis 2016, elle est gérée par le Centre des Monuments nationaux.
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