Christian Signol : Même les arbres s'en souviennent - 2019 - Albin Michel - roman français
Voici le dernier livre de Christian Signol qui vit entre la
Corrèze et le Lot dans un décor fastueux depuis 1986 et passe son temps entre
la pêche à la mouche et l’écriture, « jamais plus de deux heures par jour »,
dit-il.
Dans une interview reportée dans la revue LIRE, Christian
Signol évoque un genre littéraire dont il se sent proche, le « nature
writing », littéralement « écrire avec la nature » : c’est
un mouvement littéraire né aux USA mêlant
« observation de la nature et considération autobiographique »
et forme un « texte environnemental ». Le modèle du genre est l’américain
Jim Harrison (on se souvient de ‘Légendes d’automne’ et ‘Dalva’ publié en 1988
). C’est donc ce que nous écrit Christian Signol dans ce superbe roman, en nous
faisant découvrir son héros, Emilien, né en 1915, paysan du haut plateau du
Massif Central de la Corrèze.
C’est à la demande de son arrière petit-fils, Lucas,
qu’Emilien retrace sa vie : la première partie relate sa prime jeunesse :
il est placé à 6 ans comme « ouvrier agricole ». Si jeune, quelle
épreuve pour l’enfant et la mère devenue veuve et sans ressources. Cette maman
aimante accepte un mariage « arrangé » à condition de pouvoir
reprendre son fils auprès d’elle, celui-ci étant tombé gravement malade. Le
mari, Félicien, brave homme, possède une petite ferme sur le plateau à
Lombatie, hameau de « 6 maisons basses aux fenêtres étroites ». Commencent
alors pour Emilien la vie à la ferme et
ses durs travaux pour un jeune enfant et à l’école où il est un élève très
brillant. Félicien meurt et la mère et le fils héritent de la ferme. Emilien
fera le choix de rester avec sa mère plutôt que de faire des études à la ville.
Commence alors « un moment de confiance » et de joie pour le jeune
homme et la mère avec la lenteur de vivre du monde paysan de l’époque, si bien
décrit par l’auteur. Emilien se marie avec une jeune femme du village. Ils ont
deux enfants et l’un d’eux aura Lucas. Mais commence aussi le moment de la
désertification des campagnes à cause de la mécanisation et de la politique du
Marché Commun mais aussi le moment du confort avec l’électrification, l’eau
potable, le chauffage central, tous ces sujets étant chers à l’auteur.
Ce roman magnifique parle à tout le monde. On s’attache aux
personnages comme à des amis. On se régale des descriptions de la nature et des
arbres. On a l’impression de retrouver ses racines. C’est du « pur
Signol » : « une réflexion sur la transmission, un éloge de la
ruralité disparue et de ce territoire qui court de Brive au Lot » (LIRE)
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